Tel que défini par l’Anses, le bien-être d’un animal correspond à « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. » En élevage, les premières directives européennes sur le sujet sont apparues en 1986 pour les poules pondeuses (normes minimales sur les cages), en 1991 pour les veaux (dimension des cases individuelles et élevage en cases collectives après huit semaines), et la même année pour les porcs (interdiction de l’attache des truies et des cochettes, et surfaces minimales par animal).
Pour les éleveurs, c’est avant tout un chambardement technico-économique. Les mises aux normes ont un coût élevé, et leurs effets sur les performances ont parfois causé des difficultés. Ce fut le cas des cases collectives en veau de boucherie, obligatoires à compter du 1er janvier 2004. « Dans les nouveaux systèmes, les éleveurs et leurs techniciens sont confrontés à des problèmes de conduite. La mortalité et la morbidité des veaux soulèvent en particulier bien des interrogations », rapportait en 2007 le réseau Veaux de boucherie, piloté par le GIE Lait-Viande de Bretagne, l’Institut de l’élevage et les chambres d’agriculture. Et ce, « malgré l’expérience acquise par les éleveurs et l’amélioration technique des matériels. »
« Être en veille »
Plus que les évolutions réglementaires, les attentes sociétales se sont accélérées au fil des ans. La filière des œufs en sait quelque chose. L’obligation de passer des cages conventionnelles aux cages aménagées est entrée en vigueur le 1er janvier 2012. Quatre ans plus tard seulement, après la diffusion d’une vidéo de L214, les enseignes de distribution ont, une à une, annoncé leur souhait d’exclure les œufs issus des élevages en cage aménagée à l’horizon 2025. Certaines se sont même engagées sur une échéance en 2020. « Le maillon production a été mis sur le fait accompli », constatait Véronique Pardo, responsable de l’Observatoire Cniel des habitudes alimentaires, dans La France Agricole en 2017 (voir la couverture ci-contre).
Face à cette temporalité par à-coups, « les éleveurs doivent être en veille sur les attentes de société et les nouvelles exigences apportées par la réglementation », avisait Christine Roguet, cheffe de projet au pôle économie de l’Institut du porc, dans nos colonnes en 2021. Reste la question du financement des surcoûts. Car si la prise en compte du bien-être animal n’a cessé de s’accroître dans les élevages, les prix à la production doivent être à la mesure des efforts consentis. Gage aux consommateurs d’agir en cohérence avec leurs demandes.