Jean-Charles Briot a repris en 1998 un élevage de 80 truies naisseur engraisseur à Pleumeleuc, en Ille-et-Vilaine. Son épouse, Estelle, s’est installée en 2006 sur un élevage de 150 truies à 5 km de là, à Breteil. Deux ans plus tard, les deux élevages ont été regroupés sur le site principal de Breteil. À l’époque, ils ont construit un post-sevrage et une partie gestante neufs car la réglementation imposait le logement des truies en groupe à l’horizon de 2013. La maternité a été conservée mais la conduite est passée en 5 bandes et 21 jours. Engraisseurs partiels, ils ont monté 1 000 places d’engraissement en 2015.

« En 2020, nous avons commencé à réfléchir à la rénovation de la maternité. S’est alors posée la question de la maternité liberté, mais cela ne passait pas dans l’ancienne porcherie. Nous avons décidé de construire un bâtiment neuf », expliquent Estelle et Jean-Charles, qui travaillent avec le groupement de porcs Evel’Up.

Matériaux manipulables

« Nous avons fait le choix de la case Aco pour son nid, un endroit où les porcelets peuvent se replier pour ne pas se faire écraser. La chaleur de la lampe les attire à l’intérieur » , poursuit Jean-Charles. « Le nid me permet aussi de bloquer les petits pour faire les interventions, même s’il reste encore à travailler sur l’ergonomie du poste de travail », renchérit Estelle. La conduite d’élevage a été adaptée. Les truies sont bloquées 7 jours du lundi de la semaine de mise bas au lundi suivant puis libérées. « Nous avons testé en totale liberté, mais c’était trop dangereux pour intervenir », estime l’éleveuse.

Dans le bâtiment, les truies sont positionnées nez à nez avec une alimentation sèche et un accès permanent à l’eau avec une pipette. Les éleveurs ont prévu un couloir entre chaque auge pour pouvoir accéder au doseur. Ils peuvent également faire des apports d’eau manuellement pour stimuler la lactation. Après avoir essayé le bois et la toile de jute, Estelle et Jean-Charles ont installé des râteliers avec de la paille comme matériaux manipulables.

Très lumineuse, la maternité liberté compte 42 cases. Elle a été mise en route au début de 2022. Au même moment, lors du Salon de l’agriculture, Lidl France lançait un appel à projets pour des initiatives innovantes afin d’améliorer le bien-être animal. Initiée avec la filière porcine, la démarche se base sur un partenariat entre les éleveurs via leurs groupements de producteurs (Evel’Up, Porc Armor Evolution et Eureden), l’industriel Socopa (Bigard) et Lidl.

Le bâtiment bénéficie de la lumière naturelle. ( ©  I. Lejas)

Aide de 5 € par porc

Concrètement, le distributeur soutient chaque porc qui sortira de ces élevages à hauteur de 5 € par animal, sur une durée de cinq ans. En contrepartie, Lidl demande aux éleveurs de travailler sur la réduction de la contention de la truie, la lumière naturelle obligatoire, les enrichissements du milieu pour permettre l’expression des comportements des animaux et la prise en charge systématique de la douleur sur les porcelets. Estelle et Jean-Charles y voient le moyen de valoriser cet investissement. D’autant qu’ils remplissent tous les critères. L’élevage fait partie des huit dossiers retenus par le premier appel à projets en septembre 2022.

« Cet argent nous permet de compenser le surcoût lié à l’investissement », indique Jean-Charles. Les éleveurs n’ont pas constaté de dégradations de leurs résultats techniques. « Les charges alimentaires pour les truies ont progressé car nous sommes montés en gamme d’aliment mais elles sont compensées par des animaux qui sortent un peu plus lourds. »

« Tout était nouveau, il a fallu prendre en main le bâtiment neuf, la nouvelle conduite, maîtriser l’ambiance », résume Estelle. À la sortie de maternité, les producteurs ont constaté que les truies sont plus calmes, le sevrage est aussi plus rapide. Ils ne reviendraient pas en arrière.

Encouragés par cette démarche, les producteurs poursuivent leur effort sur le bien-être animal. Ils sont actuellement en travaux pour aménager une verraterie liberté avec courette dans l’ancienne maternité.