On le surnomme Obélix. Pas pour son physique, mais parce qu’il est tombé dedans quand il était petit : l’étudiant Julien Cocagne, 23 ans, a grandi sur l’exploitation, entre les vaches et le laboratoire qui transforme le lait de la ferme en glace.

Les Cocagne proposent des desserts glacés depuis 2008 à la ferme du Bois louvet. Leur réputation a dépassé les frontières de Mesnil-Saint-Jean dans l’Eure, où la famille habite. À tel point que le père de Julien, Philippe, 60 ans, est surnommé dans la région, non pas Panoramix, mais le père la Glace ! Avec son épouse Isabelle, 55 ans, il a lancé cette diversification, toute comme il a ouvert la ferme aux consommateurs et une boutique de vente de glaces artisanales à Honfleur.

Le grand-père Jean, 87 ans, appelé aussi Jeannot, regarde désormais avec son épouse Colette, 84 ans, passer les salariés, les clients, les animaux, et la ferme évoluer au fil des ans. Au milieu de ces changements, « un rendez-vous constant », comme disent les Cocagne, a passé les épreuves du temps depuis une soixantaine d’années : les trois générations lisent chaque semaine La France Agricole.

« Voir ce qui se fait ailleurs »

« J’ai toujours vu le journal à la maison, sur la table à manger ou sur le bureau de mon père. C’est au départ un souvenir de gamin », se souvient Philippe. Jean et Colette sont les premiers à s’être abonnés. « Mes parents étaient éleveurs. Mon père parcourait La France Agricole en s’arrêtant surtout sur les articles consacrés à la production laitière, mais aussi plus largement à l’élevage et les cultures.

C’était cinq minutes prises par-ci par-là, dès qu’il s’arrêtait de travailler ». Conseiller municipal puis maire de la commune, de 1960 à 2008, Jean lisait aussi les sujets sur ses pairs et leurs responsabilités. « J’aime bien aussi La France Agricole, complète l’épouse, Colette, car c’est une actualité nationale et pas uniquement « le journal du coin ». J’apprécie de voir ce qui se fait ailleurs. »

Philippe a depuis repris le flambeau de la ferme avec son frère. « J’étais auparavant commercial, explique-t-il. Je me suis installé en 1997, à l’âge de 35 ans, en Gaec avec mon frère Thierry et un associé. » Mais Philippe qui aime le contact et les relations humaines, ressent vite le besoin d’élargir son horizon et de réinventer son métier. « Je voulais aller jusqu’au consommateur. »

Avec Isabelle, son épouse, il crée l’activité glace en 2008. Artiste et artisane, c’est elle qui invente les desserts glacés, des parfums jusqu’à la texture et à la forme qu’elle souhaite leur donner. Philippe pilote toute la partie commerciale. Comme leurs aînés, ils lisent La France Agricole. Avant Internet, Philippe s’intéressait surtout au cours. « Désormais, je les regarde sur mon téléphone. En revanche, avec l’arrivée de la transformation sur la ferme, les articles dédiés aux circuits courts m’intéressent beaucoup. »

Les témoignages d’autres agriculteurs lui plaisent. Il a lui-même fait part de son expérience de la diversification il y a quelques années. « Pas un sujet agricole échappe à La France Agricole. On ne va pas y retrouver une thèse en cinq tomes sur les néocotinoïdes, mais on en parle. On saisit le sujet rapidement. Et c’est ce que je recherche. »

« Pas un sujet agricole n'échappe à La France Agricole. On ne va pas y retrouver une thèse en cinq tomes sur les néonicotinoïdes, mais on en parle. On saisit le sujet rapidement. C'est ce que je recherche. »

Pour et par les agriculteurs

Emilie et Lucie, les deux filles aînées d’Isabelle et Philippe ne vivent plus sur la ferme. Seul Julien, étudiant en dernier d’année de master 2, à l’école de commerce du Havre, l’EM Normandie, rentre dès qu’il le peut. Il a choisi l’alternance : depuis trois ans, il est aussi commercial au sein d’une entreprise spécialisée dans l’agroalimentaire, avec des produits 100 % d’origine française, précise-t-il.

« La suite, j’y pense dans la société familiale. Mes parents ne m’obligent à rien. J’avais huit ans quand ils ont lancé le laboratoire de transformation. Et ça me passionne ! Pourtant, on en a épluché des fruits… Mais je sais aussi, de par cette expérience, que les glaces sont entièrement faites de manière artisanale, avec un faible impact sur l’environnement. Pour moi, c’est important », explique Julien. Il lit La France Agricole quand il rentre dans l’Eure.

« Quand j’étais lycéen, je m’intéressais beaucoup aux nouvelles technologies comme la méthanisation. » Depuis le début de son alternance, il s’en sert aussi d’appui pour ses échanges auprès de ses clients : « Quand ils me disent : « Tout augmente ! », je me sens en mesure de leur expliquer pourquoi, au lieu de simplement acquiescer. » Julien a choisi de consacrer son mémoire à l’impact de la crise économique sur la consommation alimentaire. À retrouver un jour probablement dans La France Agricole, faite " par des agriculteurs, pour les agriculteurs ".