Une Europe à 24 % de jeunes agriculteurs d’ici à 2040. C’est l’objectif que la Commission européenne a fixé et présenté le 21 octobre 2025. Elle veut doubler le nombre d’agriculteurs de moins de 40 ans, qui représente aujourd’hui 12 % des chefs d’exploitation.
Faciliter les conditions d’installation
Pour y arriver, la Commission européenne propose de faciliter l’accès aux financements, aux connaissances et au foncier. Elle trace également des pistes pour renforcer les revenus des jeunes agriculteurs tout en se penchant sur les retraites et la transmission des exploitations.
Quant au budget, la Commission européenne souhaite que les États doublent leur budget total au titre de la Pac consacré au renouvellement des générations. Le seuil de 6 % de leurs fonds destinés à l’agriculture est visé.
Cela représente un doublement du minimum actuel de 3 %. En pratique, le taux de dépense aujourd’hui est déjà de 3,5 %, mais de fortes disparités existent entre les États membres, constate le commissaire à l’Agriculture, Christophe Hansen, lors d’une conférence de presse le 21 octobre.
Le texte détaille le « paquet de démarrage » pour les jeunes agriculteurs, comprenant une aide financière pouvant atteindre jusqu’à 300 000 € d’aide à l’investissement et souhaite « un meilleur ciblage des fonds en faveur des jeunes agriculteurs ». Avec la Banque européenne d’investissement, sont explorées des pistes pour améliorer l’accès au financement grâce à des systèmes de garantie et des bonifications d’intérêt.
Concernant le foncier, la Commission plaide pour le « développement d’un Observatoire européen des terres » afin d’améliorer la transparence des données des marchés fonciers. Le commissaire luxembourgeois a également mentionné des initiatives pour améliorer les conditions de vie des agriculteurs comme le cofinancement des services de remplacement à la ferme.
La France parmi les bons élèves
La France figure parmi les bons élèves du renouvellement des générations selon un rapport d’évaluation publié le 20 octobre 2025 par la direction générale de l’Agriculture de la Commission européenne. Le problème du renouvellement des générations y est classé comme « faible ».
Alors que le rapport constate qu’il existe des « différences considérables entre les pays en ce qui concerne le nombre de jeunes », la France n’a pas « une pénurie de jeunes agriculteurs ». Les jeunes y sont mieux formés qu’ailleurs en Europe et le nombre d’agriculteurs ayant « reçu une formation agricole complète » est significatif en France.
Des obstacles persistent en France…
Si la situation de la France est favorable au regard de celles d’autres pays européens, des obstacles persistent dans l’Hexagone. La France (avec la Roumanie, l’Italie et l’Espagne) affichait en 2022 l’un des déficits de financement les plus importants.
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« L’environnement fiscal et réglementaire — notamment les lois sur les successions, les politiques de retraite et les incitations fiscales — a un impact très variable, mais il est particulièrement problématique en France, à Malte et en Roumanie », souligne le rapport. Il reproche notamment à la France d’avoir un « système fiscal principalement axé sur la transmission intrafamiliale et insuffisamment adapté à l’installation d’exploitation agricole non familiale ».
… mais certains dispositifs sont salués
Tout n’est pas à jeter pour autant. Car si la France fait partie des bons élèves européennes, c’est aussi parce qu’elle fait partie de ceux qui investissent le plus dans les instruments nationaux et régionaux en faveur du renouvellement des générations. L’Hexagone lui alloue 4 % de l’enveloppe financière de son plan stratégique au titre de la Pac.
Les Safer sont citées en exemple pour donner la priorité aux jeunes agriculteurs dans l’accès au foncier et « pour contrer la concentration foncière et les investissements spéculatifs. Ce qui réjouira le nouveau président du réseau des Safer.