« Les systèmes mixtes bovins-ovins sont en moyenne aussi durables, voire plus, que des systèmes spécialisés », souligne Marie Miquel, de l’Institut de l’élevage (Idele), lors d’une conférence au Sommet de l’élevage, le 8 octobre dernier. Ce sont les premiers résultats de l’étude Accomplir (Accroître la complémentarité ovin-bovin pour plus de résilience), qui vise à favoriser les synergies entre les ateliers, aussi bien au sein d’une même exploitation qu’entre exploitations voisines. La durabilité a été évaluée sur les trois volets : économique, environnemental et social.
« Selon le recensement agricole 2020, il y avait 3 766 exploitations mixtes bovins-ovins viande, indique Marie Miquel. Les effectifs ovins allaitants de ces exploitations représentent 19 % des effectifs ovins nationaux. C’est une proportion stable entre 2014 et 2022 (d’après la base de données nationale d’identification). Ces structures mixtes ont également mieux maintenu leur cheptel bovin que les spécialisées sur la même période. »
En pratique, les animaux ne pâturent pas toujours en même temps. Le pâturage hivernal des ovins sur les parcelles des bovins passé au crible de différents essais pendant l’hiver 2023-2024 par l’Idele engendre des effets positifs sur les prairies et sur les animaux.
Davantage de légumineuses
La meilleure qualité de l’herbe au printemps est l’atout majeur de la technique. Les légumineuses sont plus nombreuses au printemps (+ 15 %) et la teneur en protéines du couvert est supérieure. Les essais réalisés ont montré que les brebis les plus maigres avaient repris de l’état pendant cette phase et celles en bon état s’étaient maintenues. Les boiteries restent toutefois un point à surveiller.
Le pâturage hivernal est donc une conduite économe. Les charges en moins évaluées sont en lien avec le broyage, qui n’est plus nécessaire (- 39 €/ha), et l’apport de foin en moins (0,12 € par brebis par jour). Si les clôtures représentent une charge en plus, elles sont vite amorties. « Les clôtures mobiles sont remboursées au bout de 1 000 rations par an, soit 100 brebis pendant 10 jours », précise l’Idele.
Des adaptations à prévoir
Le frein à la mise en place reste l’adaptation des clôtures. L’installation d’un dispositif mobile est la solution la moins chère pour pâturer les surfaces bovines de son exploitation ou de son voisin.
Côté travail, le pâturage hivernal des paddocks des bovins engendre des temps variables en lien avec le besoin ou non de mettre en place de nouvelles clôtures, la distance entre les deux élevages en interexploitation et la taille du lot. Le pâturage hivernal de début d’hiver n’a pas d’impact majeur sur la prairie. Il n’engendre pas de compaction du sol. C’est un moyen de nettoyer la prairie et de tirer parti d’une ressource qui serait perdue.