« J’avais l’idée de diversifier et stabiliser les revenus de l’exploitation par la construction d’un méthaniseur, raconte Frédéric Brunot, agriculteur en Seine-et-Marne. J’en ai parlé à un voisin avec lequel je partageais déjà du matériel. Il était intéressé et ensemble, nous avons contacté deux autres voisins dans un rayon de cinq kilomètres, afin de réduire les coûts de transport. Le collectif permet d’assurer les intrants pour l’unité qui ne s’arrête jamais de manger ! »
350 ha de cultures intermédiaires à vocation énergétique par an
Au final, cinq exploitations s’engagent, dont les deux de Frédéric Brunot, dans la construction de l’unité Terre & Gaz à Nangis. L’injection dans le réseau de 175 Nm3/h de biométhane commence en juillet 2022, puis atteint 200 Nm3/h en octobre 2024. Chaque ferme apporte les matières selon les parts qu’elle détient.
En 2024, près de 15 000 tonnes ont été consommées, dont les deux tiers sont des Cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) cultivées sur environ 350 ha/an : 7 000 t de Cive d’hiver (orges et escourgeons), 3 100 t de Cive d’été (maïs), 4 200 t de pulpes et de radicelles de betteraves (issus des usines de Cristal Union et Tereos), et le reste en issus de silos.
« Les Cive d’hiver permettent de sécuriser le stock d’intrants. Concernant les Cive d’été, depuis trois ans, elles se sont bien implantées grâce aux pluies régulières et à nos sols plutôt humides et profonds qui ne facilitent pas l’ensilage d’automne », souligne Frédéric Brunot, dont l’objectif est d’être le plus autonome possible. Du seigle en Cive avait été testé mais entre « les limaces, le rendement moindre, la verse, les difficultés à ensiler et un pouvoir méthanogène faible », il a été arrêté. De même pour un mélange sorgho + tournesol « qui fonctionnait mal ».
Maïs et orge d’hiver
Concernant les rotations, elles évoluent selon la météo, les contrats signés en pommes de terre et betteraves, et les besoins du méthaniseur, mais une trame existe. Après un blé récolté en juillet, de l’orge d’hiver est semé début octobre puis récolté en mai pour le méthaniseur (8 à 10 t MS/ha). Du maïs grain est ensuite semé et récolté en grain en octobre.
Autre rotation possible : après un blé, de l’orge d’hiver est semé puis récolté en grain fin juin ou début juillet. Un maïs pour le méthaniseur est ensuite semé début juillet et récolté entre 25 et 30 % d’humidité en octobre et novembre (8 à 10 t MS/ha). Une culture de printemps (betteraves ou pomme de terre) est ensuite installée.
« Nous avons tenté de semer du blé après un maïs Cive mais le rendement n’est pas au rendez-vous », a constaté l’agriculteur. Par ailleurs, « en maïs Cive, plus il y aura de grains, plus on gagne en pouvoir méthanogène, il faut donc essayer d’attendre le plus possible pour récolter », relève Frédéric Brunot. Un entrepreneur mène les chantiers d’ensilage d’orge et de maïs et de tassage. Il est aidé par les tracteurs et remorques des agriculteurs associés.
« Les matières, pulpes et maïs par exemple, sont mélangées au sein de la même case, précise Frédéric Brunot. Ainsi, pour alimenter le méthaniseur en prélevant toujours dans la même case, notre recette est déjà faite, tout en réduisant les manipulations. » Les agriculteurs prennent également soin de mettre au-dessus du tas une couche de pulpe pour le rendre imperméable, et « éviter ainsi le recours à une bâche qui serait trop contraignante à enlever et remettre selon les arrivages et les retraits de matières ».
L’objectif des associés est de posséder un an de stock d’avance afin de sécuriser les intrants et de pouvoir faire face au gel ou à la sécheresse.