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« L’accompagnement est le parent pauvre des politiques publiques agricoles »

Isabelle Chmitelin, directrice générale, Sébastien Windsor, président, et Myriam Decoeur, chargée de communication de Chambre d'agriculture France.

Chambre d’agriculture France se met en ordre de bataille pour mieux aider les agriculteurs face aux difficultés et appelle à maintenir des financements pour les accompagner dans la résilience de leur exploitation.

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Moisson catastrophique pour certains céréaliers, des épizooties qui se propagent sur tout le territoire, une consommation en berne… La rentrée de 2024 n’est pas à la fête pour les agriculteurs, constate Sébastien Windsor, président de Chambre d’agriculture France lors de la conférence de rentrée le mercredi 11 septembre 2024. « C’est une année qui laissera des traces dans le monde agricole pendant longtemps. » Dans ce cadre, l’organisme national du réseau des chambres d’agriculture se met en ordre de bataille pour répondre à la crise agricole.

Un référent en assurance dans chaque département

Face aux aléas climatiques qui ont eu raison de la moisson, Chambre d’agriculture France veut renforcer la sensibilisation des agriculteurs sur le système assurantiel avec comme objectif, d’avoir « dans chaque département un référent en assurance pour que les agriculteurs maîtrisent pleinement le sujet », souhaite Sébastien Windsor. Chambre d’agriculture France prévoit plus généralement « d’ouvrir des guichets et des permanences » pour informer sur les possibilités existantes afin de sortir la tête de l’eau des agriculteurs en difficulté.

« On se prépare à accueillir beaucoup plus d’agriculteurs dans nos cellules Réagir », ajoute-t-il. Ces cellules, destinées à accompagner les agriculteurs en difficulté permettront de les aider sur le plan technique et financier. Car pour certaines exploitations, notamment céréalières, le chiffre d’affaires de cette année sera réduit de moitié par rapport à l’année dernière, estime Sébastien Windsor. « Quand on est dans ce type de situation de crise, il faut aller chercher les agriculteurs un à un. »

En réponse aux épizooties qui grignotent le territoire, « on sait que notre travail est majeur », soutient le président, qui veut faire de la sensibilisation sur le besoin de vaccination des élevages une priorité.

De manière générale, « il ne faut pas rester sur des mesures de court terme ». « Lorsqu’il y a un phénomène conjoncturel sur cinq ans, c’est que c’est structurel », assure le président affilié au syndicat majoritaire, la FNSEA. Il faut dès lors engager un processus « d’accompagnement global » sur le long terme des agriculteurs pour les aider à envisager des changements de production ou une diversification de leurs ateliers.

Financer l’accompagnement « global »

Mais cet accompagnement de la part des chambres ne se fera pas sans financement, alerte Sébastien Windsor. Un accompagnement, devenu « le parent pauvre des politiques publiques agricoles ». Il dénonce l’augmentation de la taxe additionnelle sur le foncier non bâti (TATFNB) pour les collectivités territoriales alors que le financement des chambres (assuré en partie par cette même taxe) reste stable et plafonné. Chambre d’agriculture France demande la baisse du taux de la taxe pour les collectivités pour libérer des fonds pour les agriculteurs. Et, dans le cas contraire, au minimum un alignement du financement des chambres sur celui dédié aux collectivités territoriales, revu à la hausse.

Alors que le projet de loi de finances est en suspens faute de gouvernement, les chambres d’agriculture réclament de débloquer les fonds du Casdar (compte d’affectation spécial pour le développement agricole et rural) pour porter des projets de recherche et d’accompagnement auprès des agriculteurs.

Besoin de lois

Pour Chambre d’agriculture France, le nouveau gouvernement devra répondre aux problématiques urgentes de la vaccination dans les élevages mais aussi présenter des solutions pérennes pour maintenir l’agriculture française. Afin de développer des projets agricoles en France, Sébastien Windsor, demande de « ramener des industriels », pour des abattoirs ou des poulaillers et d’obtenir « le soutien des territoires ». « Les agriculteurs en ont marre de se confronter à une levée de boucliers dès qu’ils ont un projet », estime-t-il.

La loi d’orientation agricole (LOA), votée par l’Assemblée, est désormais au point mort et a peu de chance de redémarrer. Mais sur les sujets de la simplification et de l’installation, pour le président de Chambre d’agriculture France « il y a urgence » et incite à ce que le travail préliminaire à la LOA ne soit pas jeté à la poubelle.

Concrètement, Chambre d’agriculture souhaiterait de « vrais incitations fiscales pour que les cédants cèdent à des jeunes ».

Actuellement, « la seule solution de défiscalisation, c’est d’investir. Il faut sortir de cette situation-là », défend Sébastien Windsor. Chambre d’agriculture France propose de mettre en place une déduction pour aléas, qui permettrait de mettre de côté les bonnes années, et de soutenir les années plus difficiles, à l’image de la déduction pour épargne de précaution par les exploitants agricoles.

Un nouveau gouvernement devrait être annoncé au cours de la semaine prochaine, d’après le nouveau Premier ministre Michel Barnier. Sébastien Windsor l’assure : « Il faudra que le ministre connaisse ces sujets-là et qu’il se mette vite au travail. »

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