Christophe Crénéguy, 46 ans, est producteur de lait à Caden, dans le Morbihan. Il est à la tête d’un troupeau de 70 vaches sur 97 ha, avec une salariée à mi-temps. Il sort la tête de l’eau après avoir connu des difficultés financières et mis en place une procédure de redressement judiciaire il y a trois ans.

« Je me suis installé en 2012 hors cadre familial avec 300 000 litres. Je n’avais pas bien mesuré la mise à niveau de l’outil de production. J’ai autofinancé les investissements », relate Christophe. En 2015, il augmente sa référence laitière. « J’ai fait l’erreur, à nouveau, d’autofinancer les vaches et la nourriture. » La crise laitière complique sa situation. Pensant bien faire, il monte à 500 000 litres. « J’avais la tête dans le guidon à vouloir travailler plus pour gagner plus. »

Seul à la ferme, il délègue l’éleva­ge des génisses « mais le rachat à 24 mois a un coût. Je ne pouvais pas tout payer. »

Les dettes s’accumulent à hauteur de 100 000 € et il doit continuer à rembourser le prêt de 200 000 €. On lui parle alors de la cellule Entr’Agri (rebaptisée Réagir), animée par la chambre d’agriculture de Bretagne, qui accompagne les agriculteurs en difficulté. « Je ne me rendais pas compte que j’étais dans un état d’épuisement professionnel. » Le conseiller de la cellule l’oriente vers un travailleur social. « J’ai rencontré un psychologue. Cela m’a fait du bien », admet Christophe, qui ne connaissait pas ce type de prestation.

Redressement judiciaire

Sur le plan technique, il bénéficie d’un audit Pass’Avenir avec la chambre d’agriculture pour revoir sa stratégie. « J’ai repris les génisses, concentré les vêlages au printemps pour produire du lait avec de l’herbe. » En parallèle, un tour de table est organisé avec les créanciers pour un arrangement amiable, mais il n’aboutit pas. Le redressement judiciaire est évoqué. L’éleveur met plusieurs mois avant de l’accepter.

Avec le recul, il y voit un intérêt : le gel des dettes. Après plusieurs périodes d’observation, le tribunal accepte le plan de continuité avec un étalement des dettes sur dix ans et des prêts sur treize ans. « Le terme redressement fait peur, poursuit l’éleveur qui regrette d’avoir attendu pour ac­tionner la procédure. En agissant plus vite, j’aurais accumulé moins de dettes et moins souffert psychologiquement. » Isabelle Lejas