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Les syndicats en demandent plus à l'Etat face à la crise sanitaire

Michel Barnier a promis d'aider les agriculteurs mais a rappelé le besoin de réduire les dépenses de l'Etat. (Ici au Sommet de l'élevage).

En réponse aux annonces du gouvernement, les syndicats agricoles réclament une hausse de l’enveloppe allouée à la crise sanitaire en particulier pour la maladie hémorragique épizootique (MHE) et la fièvre cattarhale ovine de sérotype 8 (FCO-8), mais saluent des premières annonces et attendent des mesures concrètes.

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Pas « d’annonces fracassantes » pour le Modef, « une prise de conscience » du gouvernement de l’état de l’élevage d’après la FNSEA et JA, des « réponses différenciées » entre éleveurs « inacceptables » pour la Confédération paysanne et un manque de « garanties réelles » selon la Coordination rurale. Les cinq syndicats d’agriculteurs ont réagi aux annonces du gouvernement, d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, jeudi, et de Michel Barnier, Premier ministre, vendredi 4 octobre 2024.

Le même constat est plutôt partagé

Parmi les syndicats, le même constat est partagé : les annonces concernant la crise sanitaire sont insuffisantes. De manière générale, celles apportées par le gouvernement pour accompagner les agriculteurs sont « des mesures qui ne coûtent pas cher » mais qui « donnent un bon signal », résume-t-on chez Jeunes Agriculteurs (JA).

Aux 75 millions d’euros débloqués pour faire face au sérotype 3 de la FCO (FCO-3), Thierry Bonnamour, porte-parole de la Confédération paysanne de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, répond : « Pour les éleveurs qui subissent des pertes de la FCO-8, il n’y a aucune annonce. »

Une survie dont s’inquiète également le Modef, car dans les annonces il n’y a « rien pour la MHE, et rien pour les bovins », regrette-t-on du côté du syndicat. Le Modef demande une « prise en charge vaccinale à hauteur de 100 % sur tout le territoire pour la FCO-8 » comme pour la FCO-3.

Les 75 millions insuffisants

Chez JA, les annonces ressemblent à « un bon début », pour Jocelyn Dubost, président de la région Auvergne Rhône Alpes du syndicat. Les 75 millions, « très bien » accueillis, sont vus comme un « petit signal comme quoi l’État sera aux côtés de ces éleveurs ». Au niveau national, la FNSEA et JA « appellent dès à présent à majorer le montant de l’enveloppe budgétaire », pour faire face aux pertes que la FNSEA évalue à 150 millions d’euros.

Concernant les subventions débloquées par le fonds d’urgence, « on attend qu’elles arrivent », soupire, sceptique, Jérôme Barret, président de la Coordination rurale de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Une crainte partagée par la présidente nationale Véronique Le Floc’h, qui demande « un bilan » des précédentes aides apportées et assure que la Coordination rurale « attendait plus » que ces 75 millions.

Des prêts garantis, moyen de limiter la casse

La réflexion sur des prêts garantis par l’État apporté par le Premier ministre, « c’est une façon de passer le cap, […] pour avoir des jours meilleurs », se rassure Michel Joux, président de la branche régionale Auvergne-Rhône-Alpes  de la FNSEA. Au niveau national, le syndicat, avec JA, attend « rapidement des précisions sur ce dispositif ».

Du côté de la Confédération paysanne, Thierry Bonnanour accueille sa mise en place tout en s’inquiétant de leur impact sur les trésoreries déjà en difficulté :  « Un prêt [même garanti par l’État], ça se rembourse », pointe-t-il.

Du côté de la Coordination rurale, le prêt garanti « est une demande depuis février », assure Véronique Le Floc’h. La présidente de la Coordination rurale aimerait que ces aides à la trésorerie soient aussi apportées via des outils comme le fonds Fac (fonds d’allègement des charges) qui, mis en place en 2015, prenait en charge les intérêts d’emprunts pour certaines fermes en cas de crise.

Un PLOA qui manque d’une partie « revenu »

Concernant le retour du projet de loi d'orientation agricole au Parlement en janvier, « si on ne met pas tout dedans, est-ce qu’on aura une deuxième possibilité de mettre autre chose dans la loi ? » s’inquiète Michel Joux, de la FNSEA. Et d'ajouter : « Janvier c’est déjà un peu plus loin, on perd du temps à chaque fois. » Le président de la section régionale du syndicat espère surtout « la réouverture de la loi Egalim », « cheval de bataille principale ».

L’équilibre des relations commerciales continue d’être un enjeu prioritaire pour la Confédération paysanne. « Il faut une loi qui protège les éleveurs de certains agissements des industriels », martèle Thierry Bonnanour, en référence aux récentes annonces de Lactalis de réduire de près de 9 % sa collecte de lait en France de manière unilatérale.

Une demande similaire au Modef, qui, comme la Confédération paysanne, demande l’instauration de « prix minimums rémunérateurs garantis par l’État ». Le syndicat réclame également « la mise en place du coefficient multiplicateur pour éviter les marges abusives de l’agroalimentaire et de la grande distribution ».

Alors que le Premier ministre a rappelé l’importance de baisser drastiquement le déficit de la France, les annonces ont été cantonnées à la recherche d’équilibre : « Le gouvernement cherche à faire des économies, alors que l’agriculture a besoin qu’on la soutienne dans cette période de crise », résument des adhérents du Modef.

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