La viande cellulaire trouve un obstacle à son entrée en Europe
Le conseil de l’agriculture demande à la Commission européenne de ne pas accorder d’autorisation à la viande cellulaire tant qu’une étude de son impact socio-économique et environnemental n’aura pas été menée.
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Le 23 janvier 2024 à Bruxelles, le conseil de l’agriculture a demandé à la Commission européenne de réaliser une étude d’impact sur la viande cellulaire, avant toute autorisation de commercialisation en Europe.
Cette demande est le résultat d’une note commune à l’Autriche, la France et l’Italie adressée à la présidence belge de l’Union européenne en ouverture de son mandat de six mois. Ces trois pays estiment que les muscles obtenus à partir de cellules cultivées en laboratoire menacent le modèle agricole européen.
La « viande » de laboratoire aux portes de l’Europe (15/09/2023)
L’Italie a déjà voté une loi interdisant une telle commercialisation. La Slovaquie a déclaré qu’elle envisage une loi équivalente. En France, une proposition de loi similaire a été déposée à l’Assemblée nationale le 5 décembre 2023 par le député des Ardennes, Pierre Cordier. Le Sénat a rédigé un rapport, sous la présidence du sénateur de la Haute-Saône Olivier Rietmann, pour encadrer la viande cellulaire tout en poursuivant les recherches sur son mode de production.
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Novel food
Inventé il y a dix ans aux Pays-Bas, ce type de production a reçu quelques autorisations de commercialisation à travers le monde (Singapour, États-Unis, Israël) sans pour autant avoir créé un véritable marché. La Commission européenne n’a encore pas été saisie d’une demande en ce sens. Mais la représentante de la Commission au conseil agricole du 23 janvier 2024, Stella Kyriakides, a souligné que la viande cellulaire entrait déjà dans la réglementation sur les aliments nouveaux (novel food). Elle prévoit donc une autorisation de l’Efsa avant toute commercialisation ainsi qu’un étiquetage destiné aux consommateurs.
C’est là que le débat entre les États commence. Pour les Pays-Bas et le Danemark, c’est bien assez suffisant pour permettre au marché de décider de la pertinence de la viande cellulaire. Mais la majorité des autres États ont rejoint la position de l’Autriche, de la France et de l’Italie. Ils estiment que les questions éthiques, socio-économiques, de la perturbation des modèles alimentaires, et même des paysages, induites par une éventuelle autorisation de viande cellulaire nécessitent une étude d’impact préalable à toute autorisation. La Commission européenne a reconnu que la communauté scientifique manque singulièrement de données sur ce point. Le conseil lui a demandé de ne pas accorder d’autorisation tant que l’étude d’impact n’aura pas été réalisée.
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