Marché des grains Extrême tension mondiale en maïs qui soutient les autres céréales
Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.
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Les prix des céréales restent hauts après l’accès de fièvre de la semaine dernière, même si les inquiétudes climatiques commencent à s’estomper pour le blé. Stabilisation pour le colza de la nouvelle récolte.
Hausse en ancienne mais affaissement des prix en nouvelle récolte
Les prix dublé ont encore augmenté en ancienne campagne, d’un peu moins de 10 €/t à 236 €/t rendu Rouen et La Pallice en base juillet. Ils ont baissé en revanche légèrement pour les échéances de la nouvelle campagne à 216 €/t rendu Rouen (–3,5 €/t).
La Commission européenne a baissé sa prévision de la récolte européenne de blé tendre cette semaine au niveau de 124,8 millions de tonnes pour l’UE 27 (sans le Royaume-Uni). C’est une réduction de presque 2 millions de tonnes par rapport à sa dernière prévision pour refléter les problèmes climatiques et les ajustements de surfaces des dernières semaines.
Les prix du blé soutenus par ceux du maïs
Pourtant, les conditions de culture sont globalement bonnes dans le sud-est et le nord de l’Union européenne (UE). Même s’il est certain que la récolte aura souffert, par endroits, du froid et du sec en avril — la chute des notations de CeréObs en France en atteste encore cette semaine — nous prévoyons une récolte européenne plus élevée que le niveau de la Commission actuellement.
D’ailleurs, la perspective d’un retour des pluies en fin de semaine a commencé à apaiser la situation. C’est la même chose en Amérique du Nord : des pluies sont annoncées dans le Midwest et le Nord qui seront favorables aux cultures et cela devrait venir calmer les esprits après les fortes inquiétudes liées au froid et au manque d’humidité des dernières semaines. Les surfaces de blé de printemps sont toutefois attendues en baisse au Canada et l’estimation officielle de StatCan cette semaine est venue le confirmer. En Russie, les dégâts de l’hiver sont très importants dans la région « Central » mais cela n’est pas une surprise.
La fin de campagne reste tendue pour l’Europe et la France qui finiront avec des stocks faibles à la fin de juin et le bilan mondial ne s’alourdira pas en 2021-2022. Dans ce contexte, les prix ont fortement réagi aux inquiétudes climatiques mais la production mondiale de blé ne s’annonce pas mauvaise du tout. C’est en fait surtout le maïs qui tire le blé et qui pourrait rester facteur de soutien pendant une plus longue période.
L’Égypte a annulé l’appel d’offres lancé cette semaine après avoir jugé les prix proposés trop élevés ; l’Algérie, de son côté, a acheté environ 300 0000 tonnes de blé pour chargement en juin. L’essentiel de la vente pourrait provenir du nord de l’UE (Baltique, Pologne).
Les dégâts importants au Brésil soutiennent les cours du maïs
Les prix du maïs grimpent encore cette semaine sur le marché US et ukrainien (+14 $/t environ) et sur le marché brésilien aussi (+3 $/t). Après les inquiétudes concernant le retard des semis aux USA, c’est surtout le renforcement des craintes de pertes de rendement pour la seconde récolte (qui va arriver bientôt) au Brésil qui affole le marché avec le maintien des conditions sèches dans ce pays. Une forte réduction de la récolte brésilienne va impliquer plus de demande adressée aux USA et à l’Ukraine, d’où la forte réaction des prix dans ces deux pays.
En Argentine, la situation est différente : les conditions sèches permettent maintenant aux agriculteurs de rattraper une partie du retard des opérations de récolte et les prix argentins s’affaissent légèrement. Malgré tout, cela ne suffit pas à gommer le problème brésilien qui vient tendre un peu plus la situation mondiale et rendre difficile l’approvisionnement du marché sur les mois d’été. Cela soutient les prix européens et français qui gagnent 5 €/t Fob Rhin cette semaine à 240 €/t en base juillet (stabilité Fob bordeaux en revanche).
Orge : baisse des prix fourragers mais hausse des brassicoles
Les prix des orges de l’ancienne campagne ne sont pas disponibles aujourd’hui mais sont restés soutenus sur la semaine. Ceux de la nouvelle récolte s’affaissent en revanche de 10 €/t à Rouen, à 210 €/t, dans la foulée de ceux du blé.
Du côté brassicole, on observe en revanche un renchérissement de 3-4 €/t sur les cotations de la nouvelle récolte (à 220 et 225 €/t Fob Creil pour les variétés d’hiver et de printemps) en raison des incertitudes climatiques et de la perspective d’un allègement des règles sanitaires pour l’été.
Explosion des prix Matif pour la clôture de l’échéance de mai
Le colza s’est approché des 700 €/t hier soir (jeudi 20 avril) sur l’échéance de mai 2021, à la veille de la clôture de cette échéance. Poussés par cette clôture, les prix ont atteint des niveaux stratosphériques, qui illustrent l’extrême tension de la fin de la campagne de 2020-2021.
Sur le marché physique, les prix n’ont pas suivi le salut final du contrat Euronext et ont même abandonné une dizaine d’euros depuis la fin de la semaine dernière, à 501,5 €/t rendu Rouen ou Fob Moselle. Cela reste tout de même un niveau élevé qui reflète une forte pénurie en huile et en graines de colza sur la fin de campagne.
Stabilisation du colza de la nouvelle campagne
Pour la nouvelle campagne, les prix se sont plutôt stabilisés depuis la semaine dernière : la cotation d’août sur Euronext s’est affaissée très légèrement seulement de 4 €/t, à 496,5 €/t en milieu d’après-midi ce vendredi, et la cotation de novembre 2021 du canola canadien n’a gagné que 3 $/t après la hausse de plus de 40 $/t la semaine dernière.
De manière générale, les prix mondiaux de la nouvelle récolte restent soutenus par les pertes de potentiel dans les champs de l’ouest de l’UE (gels tardifs et craintes de sécheresse) ainsi que par une demande dynamique des triturateurs pour des livraisons sur les premiers mois de la campagne de 2021-2022. Les marges pour la campagne de 2021-2022 dans l’Union européenne sont toujours très attractives, car le prix de l’huile de colza a fortement progressé également.
Au Canada, les statistiques officielles sont venues cette semaine confirmer la hausse attendue des surfaces ; nous prévoyons toutefois une progression des surfaces semées de +6 %, plus marquée que la hausse de 3,6 % affichées par StatCan.
Petite baisse des prix du soja et des tourteaux
Après la forte hausse depuis le début d’avril, le prix des graines de soja a diminué à Chicago depuis la semaine dernière mais demeure élevé, à 563 $/t pour l’échéance de mai et 549 $/t pour l’échéance de juillet. Les prix mondiaux du soja sont soutenus par la vigoureuse demande asiatique pour la nouvelle récolte brésilienne. La reconstitution du cheptel porcin et le dynamisme de la demande animale qui en résulte demeurent l’un des principaux facteurs de soutien des cours mondiaux de la fève.
Bien évidemment, ce contexte haussier pour les prix est aussi maintenu par la pénurie grandissante de soja aux US où les exportateurs sont en forte concurrence avec les industriels. Ces derniers ont en effet largement profité de marges de trituration particulièrement attractives grâce à la récente envolée des cours de l’huile de soja résultant d’une demande US vigoureuse dans le secteur du biodiesel.
Enfin, les perspectives de récoltes un peu dégradées en Argentine à cause du manque d’eau ont apporté aussi un soutien supplémentaire aux prix. Néanmoins, une fenêtre plus sèche vient de s’installer sur ce pays et les producteurs en profitent pour accélérer maintenant les opérations de récolte. Cela est venu peser un peu sur les prix cette semaine comme l’ont fait également les ventes de plusieurs opérateurs après les hauteurs atteintes à la fin de la semaine dernière.
Après la hausse de la semaine dernière, les tourteaux voient aussi leur prix baisser légèrement cette semaine de 3 $/t à Chicago, à 462 $/t, et de 2 €/t à Montoir, à 418 €/t.
Les graines de tournesol à contre-courant
Sur le rapproché, le prix du tournesol de la récolte de 2020 affiche une petite remontée de 10 €/t par rapport à la semaine dernière, à 480 €/t pour la qualité oléique et 470 €/t pour la graine standard. Ils restent toutefois plus bas que les hauts niveaux du début d’avril mais ils suivent à la hausse les prix ukrainiens qui regagnent 20 $/t sur la semaine à cause d’une situation extrêmement tendue en fin de campagne.
À suivre : conditions météo et état des cultures partout dans le monde, récolte de maïs au Brésil, demande mondiale en tourteau et huile végétale, prix du pétrole.
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