La production porcine française en quête d'un sursaut
Devant l’érosion continue de l’offre, la Fédération nationale porcine s’inquiète du maintien de l’autosuffisance française en viande porcine.
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« L’offre européenne de porcs est dans un mouvement de repli historique », observe Elisa Husson, ingénieure d’études économiques à l’Institut du porc (Ifip), lors du « Grand rendez-vous de l’élevage de porc français » organisé par la Fédération nationale porcine (FNP), le 21 novembre 2023 à Paris. En cumul sur les sept premiers mois de 2023, la production porcine dans l’Union européenne à 27 a chuté de 8,5 % par rapport à la même période en 2022, soit 11,7 millions de porcs en moins. « C’est l’équivalent de la moitié de la production française, ou de celle de l’Italie », illustre la spécialiste.
L’Hexagone n’échappe pas à cette décrue. La production porcine a reculé de 6,4 % sur le premier trimestre de 2023, puis de 4,2 % sur le second semestre. « La baisse de la production est plus rapide que celle de la consommation », pointe Elisa Husson. Résultat, le taux d’auto-approvisionnement de la France en viande porcine est passé de 104 % sur le premier semestre de 2022 à 101 % sur la même période en 2023. « Il est même passé sous le seuil de 100 % en juillet 2023. »
Risque de dépendance aux importations
« Il n’y a pas de souveraineté alimentaire sans renouvellement des actifs », souligne Manon Pisani, représentante du syndicat Jeunes Agriculteurs au sein de la FNP. Or le nombre d’installations en élevage porcin est constant ces dernières années, à raison de 170 projets environ par an. « On compte une reprise pour deux ou trois arrêts, poursuit-elle. La baisse du nombre d’éleveurs est plus marquée pour les petits sites naisseurs engraisseurs d’une centaine de truies, ainsi qu’en engraissement spécialisé. »
Selon la FNP, en suivant le rythme actuel de décroissance de la production porcine et dans un contexte de consommation stable, l’autosuffisance française en viande porcine ne serait plus que de 71 % en 2030. « On est à la croisée des chemins, estime François Valy, président de la FNP. Sans un sursaut, la France risque de rester durablement dépendante aux importations. »
Mauvaise passe pour les éleveurs de porc (19/10/2023)
« Rentabilité et visibilité »
Pour le responsable syndical, « la condition première de ce sursaut, c’est la rentabilité en élevage ». Il plaide pour un « système productif compétitif » et encourage « la modernisation et l’agrandissement des outils ». Faisant écho aux récents mouvements d’acheteurs au Marché du porc breton (MPB), François Valy souligne le « besoin de visibilité » des éleveurs, et l’existence d’un « marché de référence, fiable et représentatif ».
« Il faut que l’aval sorte du bois, car les petits soldats [NDLR : les éleveurs] fatiguent », poursuit-il. François Valy enjoint également les distributeurs de « relancer la mise en avant de la viande de porc français ». Il souligne par ailleurs l’importance du commerce mondial pour l’équilibre de la filière porcine française. « Un porc sur quatre est exporté, car nous vendons ce que nous ne consommons pas en France. »
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