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L’Anses souhaite renforcer la traçabilité des traitements phytos

Pour pouvoir faire le lien avec la santé, l'Anses estime que le registre phytosanitaire devrait être fait et conservé à vie.

Le directeur général de l’Anses a été auditionné par la Commission d’enquête sur les produits phytosanitaires. En réponse aux questions des députés, il a exprimé les souhaits de l’Agence en matière de réduction des impacts, et notamment de traçabilité à la parcelle des épandages.

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Benoît Vallet, médecin et directeur général de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), a été auditionné le 26 octobre 2023 par la commission d’enquête parlementaire sur les produits phytosanitaires (1). Il a rappelé les missions de l’Agence en matière d’autorisations de mise sur le marché, et illustré son propos par les décisions prises récemment sur le prosulfocarbe ou encore le S-métolachlore.

Géolocaliser les usages

Le directeur général a évoqué le souhait de l’Agence de mettre en place une « pharmaco-épidémiologie » des produits phytosanitaires, à l’image de ce qui se fait déjà en santé humaine. Il s’agirait « d’instaurer une traçabilité à la parcelle des produits phytosanitaires utilisés, pour renseigner de manière précise, en géolocalisation, leur usage », explique Benoît Vallet.

Un registre phyto à vie

La loi impose déjà aux agriculteurs de déclarer, dans un registre papier ou électronique, les traitements phytosanitaires à la parcelle, et de les conserver pendant au moins cinq ans. Mais, selon le directeur général, cette obligation présente des manquements : « Si les donnés étaient uniformisées, renseignées, collectées et bancarisées au niveau national, il pourrait être possible de les croiser avec celles de l’épidémiologie humaine », indique-t-il.

Pour que cela fonctionne, Benoît Vallet estime que ce registre devrait être fait et conservé à vie : « L’épidémiologie ne se fait pas sur cinq ans, notamment pour des maladies chroniques comme les cancers ou les troubles neurocognitifs, qui se déclenchent sur des périodes de 15 à 20 ans », argumente le médecin.

Améliorer la transparence

Concernant la problématique du lobbying des industriels, l’Agence souhaite la mise en place d’un système similaire à la base de données « Transparence santé » du ministère des Solidarités et de la Santé.

« Ce système permet de renseigner celles et ceux qui travaillent sur un collectif d’intelligence sur l’usage des produits de santé, pour voir s’ils sont sous influence ou non de l’industrie pharmaceutique. Il permet même de voir les montants perçus par ces personnes », explique-t-il.

Renforcer l’agriculture de précision

Benoît Vallet a enfin fait remarquer que l’Agence n’était pas « seule » et « responsable » de tout ce qui concerne la limitation des usages de produits phytosanitaires. Il a pour cela rappelé les travaux de la recherche et l’engagement des collectifs d’agriculteurs dans les fermes Dephy – Ecophyto.

« Il est important de renforcer l’agriculture de précision, ajoute-t-il. De plus en plus d’autorisations de mise sur le marché sont retirées, mais les quantités dans l’absolu baissent peu, parce qu’on remplace un produit par un autre. Si on veut répondre aux impératifs d’Ecophyto, il faut aussi une modification de la façon dont les usages sont faits. »

(1) Cette commission d’enquête porte plus précisément sur « les causes de l’incapacité de la France à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l’exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire ».

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