Ce lundi 30 octobre 2023, les grandes lignes de la nouvelle stratégie Ecophyto 2030 ont été présentées lors du Comité d’orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan national de réduction des produits phytopharmaceutiques Écophyto II +. « Ce dernier doit prendre le relais du plan Ecophyto II +, qui lui échouera en avril 2024 », a spécifié le ministère de l’Agriculture.

Baisse de 50 % d’ici à 2030

Ce dernier a rappelé que l’État poursuit son engagement en faveur de la réduction de l’utilisation et des risques des produits phytopharmaceutiques. Il a ainsi réaffirmé son ambition de diminuer de moitié leur utilisation à l’horizon de 2030 par rapport à la période de 2015 à 2017.

L’objectif est de respecter cette trajectoire avec une triple ambition :

  • Maintenir un haut niveau de protection des cultures, « qui est un enjeu majeur en termes de sécurité alimentaire pour la France » ;
  • Soutenir les performances économiques et environnementales des exploitations ;
  • Préserver la santé publique et celle de l’environnement dans une logique « une seule santé ».

« Cette stratégie Ecophyto 2030 a pour ambition d’être plus globale que le plan Ecophyto II + et d’être cohérente avec l’ensemble des planifications de chantiers écologiques. »

Après trois mois de travaux

L’élaboration de cette stratégie Ecophyto 2030 a été pilotée par le SGPE (Secrétariat général pour la planification écologique), qui a coordonné les travaux de coconstruction avec les ministères réunis ce jour (Agriculture, Transition écologique, Outre-mer, Santé et Recherche). « Un travail qui a été complété par une quarantaine d’entretiens menés avec l’ensemble du collège du Cos Ecophyto », retrace le ministère de l’Agriculture.

Ces trois mois de travaux ont permis de soumettre à consultation une première proposition aujourd’hui aux parties prenantes (représentants du secteur agricole, associations, collectivités, instituts scientifiques, etc.). Prochaines étapes : l’ensemble des membres du groupe Cos sont sollicités pour réagir par écrit sur le projet d’ici au 30 novembre 2023 (via une adresse mail spécifique).

D’autres instances seront consultées : le Conseil supérieur d’orientation et la Coordination de l’économie agricole et alimentaire se réuniront sur le sujet à la fin de novembre ; le Conseil national de la biodiversité, au début de décembre ; et le Conseil national de l’eau, avant la mi-décembre. L’objectif étant de lancer la stratégie Ecophyto 2030 en janvier 2024.

Principaux axes du plan

Les grands axes du plan d’action sont :

  • Concevoir une nouvelle approche fondée sur l’accélération de la recherche d’alternatives et la préparation au retrait de substances actives : renforcement de l’innovation et de la recherche d’alternatives couplée à des moyens d’accompagnement ;
  • Assurer une protection compétitive à l’international et porter les positions françaises au niveau européen ;
  • Massifier les pratiques de re-conception des systèmes dans une logique de transition agroécologique, en combinant les leviers non-chimiques et chimiques en dernier recours et en confortant le rôle des collectifs d’agriculteurs ;
  • Renforcer la protection de la santé et de l’environnement dans une approche « Une seule santé » ;
  • Accentuer le lien avec les politiques de l’alimentation et de l’implication de l’ensemble de la chaîne de valeurs des filières ;
  • Territorialiser la stratégie pour opérationnaliser les actions au plus près du terrain.

Des moyens conséquents

Un focus a en particulier été fait ce matin sur le premier axe. Ces travaux, lancés il y a plusieurs mois, sont animés par sept groupes de travail « filières » et un groupe de travail « bio ».

« L’objectif est de donner aux agriculteurs de la visibilité sur les usages présentant un risque de retrait. Mais aussi d’accélérer la recherche et le déploiement de solutions alternatives non chimiques et chimiques et la reconception de systèmes agricoles crédibles et efficaces », a complété le ministère. Un axe au cœur de la nouvelle stratégie pour répondre à « pas d’interdiction sans solution ».

« Afin de porter les actions ambitieuses de la nouvelle stratégie, de nouveaux moyens conséquents, en complément de ceux déjà alloués via la part gérée nationalement de la redevance pour pollutions diffuses, sont spécifiquement alloués par l’État pour la mise en œuvre de la stratégie Écophyto 2030 : 250 M€ de crédits inscrits sur le budget du ministère chargé de l’Agriculture (PLF2024) au titre de la planification écologique, ajoute le communiqué. S’ajoutera aussi une allocation de crédits France 2030 affectés à Ecophyto 2030 dont le montant sera arbitré par la première Ministre.