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Marc Fesneau veut relancer la filière des protéagineux

En marge de l'assemblée générale d'Axéréal, les élus locaux, le ministre de l'Agriculture et les actionnaires du projet Intact se sont réunis à Orléans, le 7 décembre, pour dévoiler la plaque de l'usine, symbole de la première pierre.

Après des années laborieuses, les voyants de la filière des protéagineux semblent être au vert. L’outil de transformation « Intact », lancé en grande pompe à Orléans le 7 décembre 2023,  pourrait apporter des débouchés et une valorisation aux agriculteurs.

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Le plan protéines, lancé en 2021 et doté de 100 millions d'euros, la nouvelle Pac qui fait la part belle aux protéagineux, et maintenant la création d’un outil de transformation de protéines, l’usine Intact. « Tout converge ! », lance Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, le 7 décembre 2023 à Orléans, pour le lancement de la construction de l’usine. « On veut redémarrer la filière légumineuse. On est pleinement dans la transition écologique : la fixation du carbone, la diversification, la décarbonation, ce projet montre que c’est possible ! », ajoute le ministre.

Une perte de vitesse depuis des années

Depuis plusieurs années, la filière des protéagineux a du plomb dans l’aile, elle ne couvre que 25 % des besoins français et accuse un retard important. En moyenne, les rendements ont chuté de 70 q/ha à 40 q/ha en vingt, vingt-cinq ans. Le ministre insiste sur la recherche variétale.

« Ce n’est pas un problème d’argent, nous avons mis 10 millions d'euros sur le Cap protéines et 5 millions d'euros sur la sélection variétale, mais il faut juste que l’on arrive à nous proposer les projets un peu plus rapidement. Dès lors qu’elle aura levé sa contrainte de l’innovation, la filière des légumineuses trouvera sa place sur le long terme, inexorablement. » Marc Fesneau se montre favorable à la mise en place d’outils qui accompagnent la prise de risque (ISR) pour cette filière.

Alcool et farine de protéines

Malgré des atouts agronomiques indéniables, les agriculteurs boudent les légumineuses, faute de débouchés et de rentabilité suffisante. L’usine d’Intact pourrait-elle inverser la tendance ?

Issue d’une start-up créée par Alexis Duval (ex-président du directoire de Tereos) et détenue en majorité par la coopérative Axéréal, l’usine va transformer les pois jaunes et la féverole en deux ingrédients : de l’alcool pour la cosmétique et de la farine de protéines végétales pour l’agroalimentaire. Happy Vore, qui fabrique des alternatives à la viande, également installée dans le Loiret, pourrait être un des clients. L’enveloppe des protéagineux sera, quant à elle, brûlée afin de produire de la chaleur renouvelable. Ce procédé permet d’obtenir un alcool à très bas carbone; « une première mondiale », selon Intact.

Débouchés et valorisation

Installée à Baule, près d’Orléans (Loiret) sur 10 hectares, l’usine devrait commencer à être construite d’ici à quelques semaines. Elle devrait produire dans un an. La coopérative Axéréal s’est engagée sur 8 000 ha de pois pour la récolte de 2024. Le pois devrait monter en puissance dans les rotations pour arriver à 13 000 ha dans cinq ans. Alexis Duval précise, quant à lui, qu’il reste ouvert à toute proposition d’approvisionnement : coopérative, négoce ou agriculteur en direct. Le débouché est donc assuré. Qu’en est-il de la valorisation ? Pour inciter les agriculteurs, la coopérative propose, pour cette année, un prix calé sur celui du blé plus 65 €/t. « C’est une base pour le départ, il ne faudrait pas que ça chute sous les 300 €/t », commente un agriculteur.

Cet investissement de 55 millions d'euros est financé à hauteur de 25 millions d'euros par Axéréal, millions d'euros par l’État dans le cadre de France 2030, 15 millions d'euros par le fonds d’investissement pour la transition Isalt. 60 emplois sont prévus.

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