Login

Libre-échange : « Il ne faut pas avoir un discours de perdant »

Luis Carazo Jimenez assure que l'Union européenne est assez forte et protégée.

Pour le deuxième jour du Space à Rennes, le directeur adjoint de la DG Agri de la Commission européenne a présenté un portrait résolument positif des accords de libre-échange.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Lors d’une conférence au salon Space à Rennes le 18 septembre, le directeur adjoint à la DG Agri de la Commission européenne Luis Carazo Jimenez est venu défendre la stratégie commerciale de l’Union. Dans son introduction, le « simple fonctionnaire » comme il a aimé le rappeler a insisté.

Seul le Brésil est meilleur que l'UE

« On part souvent du principe que le commerce est mauvais pour l’agriculture européenne. Or les chiffres démontrent le contraire », assure-t-il. « Sur la scène mondiale, seul le Brésil a une meilleure balance commerciale agroalimentaire que l’Union européenne mais ils ne font qu’exporter et n’importent quasiment rien », ajoute Luis Carazo Jimenez. « Il ne faut pas avoir un discours de perdant car nous sommes des gagnants. »

Des pressions de toutes parts sur l’accord avec le Mercosur (09/09/2024)

Il a ensuite détaillé la méthode européenne sur les accords de libre-échange. « En agriculture, nous essayons de prendre des marchés sur lesquels nous sommes compétitifs et protéger les marchés sur lesquels nous sommes moins compétitifs », appuie-t-il. « Pour la viande bovine ou le sucre, nous ne sommes pas compétitifs par exemple. » Luis Carazo Jimenez assure que c’est un élément pris en compte dans les négociations par le biais des mesures de sauvegarde sous forme de quotas d’importation. « Il y a toujours moyen de protéger pour minimiser l’impact. » Mais il a tenu à tempérer. « Une négociation où on ne fait que gagner, ça n’existe pas. »

Un regret sur le Ceta

Parmi les dossiers sensibles du moment, Luis Carazo Jimenez a de nouveau dit tout le bien qu’il pensait de l’accord avec le Canada (Ceta) et regrette que le Sénat français ait rejeté la ratification, « alors que les exportations ont explosé ». Et de citer les très faibles volumes de viande bovine importés du Canada et les milliers de tonnes exportées dans l’autre sens. « Nous faisons les choses souvent mieux qu’elles le sont décrites dans les médias », se défend-il.

Incompréhension du monde agricole

Il a ensuite été tancé par Patrick Benezit, président de la Fédération nationale bovine, au sujet de la réciprocité des normes. « Une des incompréhensions du monde agricole, c’est d’être mis en concurrence avec des produits qui ne respectent pas les normes que l’on nous imposait », rappelle-t-il. « Comment vous pouvez continuer à la Commission de dire qu’il ne faut aucune clause miroir, aucune réciprocité ? Il y a un décalage entre les filières, le consommateur et le politique », ajoute-t-il.

Ce à quoi Luis Carazo Jimenez a rétorqué que « les clauses miroirs, c’est un concept vague et vide. On véhicule que rien n’est fait mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas juste de dire que nous faisons n’importe quoi et que tout rentre dans l’Union européenne », assure-t-il. Citant en exemple les hormones utilisées en élevage dont les produits continuent de ne pas franchir les frontières du marché unique.

L’entrée de l’Ukraine et la Pac

Luis Carazo Jimenez a également évoqué la possible entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne en parlant « d’opportunité » pour l’Europe et « d’intérêt stratégique » car il y a « un certain nombre de produits, comme les oléagineux, qui sont produits chez eux et que nous devons aujourd’hui importer ». Il a toutefois admis que la Pac devra être adaptée le cas échéant, compte tenu des spécificités de l’agriculture ukrainienne et de « l’augmentation des surfaces agricoles de l’Union de l’ordre de 26 % » et du « volume de production ».

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement