« Les éleveurs français ont un sentiment d’abandon et d’incompréhension vis-à-vis des différentes politiques publiques », s’est désolé Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine (FNB), ce mardi 23 janvier 2024 lors d’une conférence de presse à Paris. Ce ras-le-bol explose lors des manifestations nationales de cette semaine. « Il fallait s’en douter », ajoute-t-il. La décapitalisation, les prix payés aux producteurs, la nouvelle Pac qui impacte fortement les revenus des éleveurs, un gouvernement « ambiguë » par rapport aux accords de libre-échange… « Les perspectives sont alarmantes », insiste-t-il.

« Couvrir absolument les coûts de production »

La priorité lui semble évidente : rémunérer les éleveurs suffisamment afin de couvrir leurs coûts de production. « Les prix sont 50 centimes à 1 € inférieurs aux coûts de production, toutes catégories confondues », explique Patrick Bénézit. Les prix à l’achat par les consommateurs sont 8 % supérieurs à ceux perçus par les agriculteurs, avance-t-il.

Selon Cédric Mandin, le secrétaire général de la FNB, « des signaux négatifs sont envoyés à l’ensemble des éleveurs ». Autrement dit, la pression exercée sur les prix ne les motive pas à maintenir leur production. Pour Patrick Bénézit, « le ministère des Finances encourage les distributeurs à faire pression sur les fournisseurs, qui le répercutent sur les éleveurs. […] La puissance publique doit contrôler les négociations. »

Les annonces déçoivent

Par ailleurs, « le plan de conquête de l’élevage est une grande déception », confie Patrick Bénézit. La mesure fiscale promise aux éleveurs « n’a pas été retraduite dans le 49.3. C’est désastreux de venir faire des annonces sur les salons agricoles s’il n’y a pas d’actions par la suite », se révolte le président de la FNB. Selon lui, les mesures sanitaires concernant la maladie hémorragique épizootique (MHE) sont également incomplètes, tout comme la mise en place d’exploitations références qui ne couvrent pas l’intégralité des zones fourragères.

« Les accords de libre-échange sont incohérents »

Ses griefs ne s’arrêtent pas là. « Ce qui est insupportable pour les éleveurs, c’est d’être en concurrence avec des produits importés qui ne respectent pas les normes européennes. C’est déloyal », s’agace Patrick Bénézit.

Guillaume Gauthier, secrétaire général adjoint à la FNB, souligne la complexité du contrôle des clauses miroir. « En Amérique du Sud, la traçabilité est faite au niveau du dernier maillon, entre l’abatteur et le transporteur. On peut seulement croire les autorités locales », explique-t-il.

Le président de la FNB est catégorique : « Nous attendons du gouvernement qu’il s’oppose à l’ensemble de ces accords de libre-échange en négociation ». La Fédération nationale bovine maintient que l’élevage reste « une solution d’avenir », et que la filière présente de nombreuses solutions économiques, de souveraineté alimentaire et de questions environnementales.