Ils avaient pesé de tout leur poids pour que les sénateurs rejettent la ratification du Ceta, et ils ont été entendus. Le vote du 21 mars 2024 en plénière au Sénat à peine terminé, les syndicats et l’interprofession ont applaudi la décision. Interbev, association interprofessionnelle de la filière de la viande, a salué la « cohérence des sénateurs », et y voit un avertissement pour les autres négociations en cours.

« Le positionnement du Sénat envoie un message clair et suscite l’optimisme pour les autres accords commerciaux qui seraient dépourvus de clauses miroirs », note Interbev. Alors que le texte devra faire son retour à l’Assemblée nationale pour un nouveau vote, l’interprofession reste vigilante : « Interbev compte désormais sur le soutien de l’Assemblée nationale pour rejeter définitivement cet accord néfaste pour la filière de l'élevage et de la viande et les consommateurs ».

Pour la filière de la viande bovine toujours, mais cette fois du côté des producteurs, la FNB juge ce vote logique. « Les sénateurs ont pris la seule décision entendable pour les consommateurs comme les producteurs », apprécie Patrick Benezit, son président qui veut y voir un précédent.

« Ce vote doit être le symbole d’une prise de conscience politique sur l’urgence de la mise en œuvre systématique de mesures et clauses miroirs qui garantissent la réciprocité des normes dans le cadre de tous échanges de produits agricoles ! » espère le syndicaliste.

Des syndicats soulagés

Sur X, la Coordination rurale a félicité « les sénateurs qui se sont opposés à la marchandisation de notre modèle agricole en refusant la ratification du Ceta ».

Sur ce même réseau, la Confédération paysanne qui avait manifesté devant le Sénat pendant le vote, salue une « belle victoire d’étape contre le libre-échange et ce commerce qui nivelle par le bas les prix et les normes sociales et environnementales » et d’ajouter : « Nous sortons enfin du déni démocratique dans lequel est plongé ce Ceta depuis bien trop longtemps ! »

Dans un autre communiqué, le syndicat dit lui aussi vouloir continuer à se mobiliser tant que l’accord aura une chance d’être ratifié. « La Confédération paysanne restera toutefois mobilisée pour faire échouer définitivement sa ratification », soulignent-ils.

Le Modef se félicite aussi du vote au Sénat. « Ce traité est appliqué depuis 7 ans sans avoir été ratifié au Parlement, rappelle le syndicat. […] Le président de la République doit passer aux actes, et mettre fin à l’adoption provisoire du Ceta. L’Assemblée nationale devra réexaminer le 30 mai ce projet. Le Modef s’oppose à tous les accords de libre-échange. Ils sont néfastes pour notre souveraineté alimentaire. »

Benoît Devault