Une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne (UE) sera le « probable déclencheur d’une réforme en profondeur » de la politique agricole commune (Pac), estime une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) publiée ce jeudi 27 juin 2024.

L’Ukraine, une puissance agricole

Les discussions portant sur le volet agricole dans le processus d’adhésion à l’Union européenne, engagé officiellement mardi 25 juin pour Kiev, « sont réputées comme étant parmi les plus difficiles ». Pourquoi ? Parce que la Pac représente environ un tiers du budget européen et les exploitations agricoles sont particulièrement vulnérables « face à la concurrence intra-communautaire », rappelle le document.

Les discussions prennent encore plus d’importance avec l’Ukraine, une puissance agricole par « la taille de son territoire », « la richesse de ses terres » et « la compétitivité de certaines de ses filières sur le marché international ».

Les échanges agricoles entre l’Ukraine et l’Union européenne se sont déjà intensifiés depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et l’adoption d’un accord d’association entre les deux zones. L’Ukraine est passée de huitième pays fournisseur de produits agricoles et alimentaires pour l’Union européenne en 2015 à quatrième en 2021.

L’Union européenne est dépendante des céréales ukrainiennes

Les échanges ont pris une nouvelle ampleur après l’invasion du pays par la Russie en 2022. Pour soutenir Kiev dans son effort de guerre, l’Union européenne a suspendu droits de douane et contingents tarifaires sur des produits agricoles ukrainiens, dont certains sont arrivés en masse.

Face à l’exaspération des agriculteurs européens, des clauses de sauvegarde ont été ajoutées en mai pour réimposer des droits de douane au-delà de certains volumes de volailles, œufs, sucre, maïs, miel, avoine et gruaux.

L’agriculture européenne est désormais « dépendante des importations de céréales et d’oléagineux en provenance d’Ukraine pour nourrir son cheptel » tandis que « les exploitations européennes sont structurellement moins compétitives sur certaines denrées agricoles », note l’étude.

« Repenser le système d’allocations des aides de la Pac »

En cas d’adhésion à l’Union européenne, l’Ukraine « pourrait devenir le cinquième pays de l’Union européenne en nombre d’habitants », ce qui aurait un impact important sur les équilibres politiques, rappellent les deux autrices.

Et cela aurait des effets significatifs sur le budget agricole, distribué notamment en fonction de la surface agricole. « À cadre constant, l’Ukraine pourrait recevoir entre 10 et 12 milliards d’euros d’aides de la Pac chaque année », ce qui en ferait le premier bénéficiaire devant la France, avance l’étude.

Pour « minimiser l’impact budgétaire de l’élargissement à l’Ukraine », l’Iddri entrevoit plusieurs pistes, comme « repenser le système d’allocation des aides directes de la Pac » ou « allouer une enveloppe Pac à l’Ukraine décorrélée » de sa surface agricole.