Tempête : les agriculteurs bretons s’impatientent
Près d’un mois et demi après le passage de Ciaran, les agriculteurs attendent des réponses face aux dégâts causés par la tempête et ses conséquences à long terme.
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Situé sur la presqu’île de Crozon (Finistère), l’élevage laitier de la famille Henry a subi de plein fouet les assauts du vent de la tempête Ciaran, au début de novembre. « Les tôles en amiante sont parties du bâtiment des génisses », expliquent Sarah Henry et ses parents, Astrid et Yves, à la tête d’une exploitation de 110 vaches laitières.
« Les stocks de paille prennent l’eau »
« La moitié de la toiture du hangar à matériel s’est envolée sur le tas de maïs, poursuivent-ils. Un bardage de la stabulation n’a pas résisté non plus. Les stocks de paille prennent l’eau dans la grange. »
Après 35 heures sans électricité avant de trouver une génératrice, le Gaec a dû jeter 11 000 litres de lait. Le stress a entraîné une chute de 5 000 à 6 000 litres de lait, sans compter quelques mammites. La production repart doucement.
Trouver des artisans pour les réparations inquiète les éleveurs. « Ils sont débordés et pour les tôles amiantées, cela sera encore plus compliqué. »
La pluie est l’autre souci du moment. Il pleut presque tous les jours, les sols sont détrempés. La famille Henry n’a pas pu récolter les 3,5 hectares de betteraves qui seraient pourtant profitables aux animaux.
Au 14 décembre, les semis de blé n’avaient pas démarré. « Si la pluie persiste, il faudra se reporter sur des cultures de printemps. »
Pertes de production
Cet élevage est loin d’être une exception. Lors du sondage réalisé par les chambres d’agriculture, 8 jours après la tempête, 2 154 exploitations ont déclaré des dégâts en Bretagne, notamment dans le Finistère et les Côtes-d’Armor. La pérennité de certaines exploitations légumières, maraîchères, horticoles et d’élevage est en jeu.
Faisant suite à la visite des préfets et du ministre de l’Agriculture à la mi-novembre, un fonds d’urgence de 80 millions d’euros a été annoncé pour les trois régions impactées : la Bretagne, les Hauts-de-France, le Normandie. Mais sur le terrain, les agriculteurs ne voient rien venir.
Réunis le 8 décembre, les élus des chambres d’agriculture bretonnes ont tapé du poing sur la table. Ils exigent une augmentation significative de l’enveloppe d’urgence, allouée à la Bretagne et assortie de critères d’attribution adaptés.
Les professionnels bretons réclament aussi la prise en compte des pertes de production animales et végétales, l’avance de trésorerie avec prise en charge des taux d’intérêt, ainsi que la compensation de la vétusté par le fonds d’urgence.
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