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Chute des rendements du blé : l’arbre qui cache la forêt, selon l’AGPB

L'AGPB se mobilise pour obtenir des mesures d'urgence et ainsi limiter l'impact de la chute des rendements des céréales à paille en 2024.

Les rendements du blé tendre sont proches des plus bas cette année. Mais plus alarmant encore, ils ont entamé un repli tendanciel depuis 2015, que l’AGPB explique par l’affaiblissement des moyens de production.

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« Vraie déflagration » pour les exploitations, la chute du rendement du blé tendre (–17 %) et plus largement des céréales à paille en 2024 inquiète fortement l’AGPB (1). Inquiétude d’autant plus marquée que cette année s’inscrit dans un contexte de « baisse tendancielle » des rendements depuis 2015, a présenté l’association spécialisée de la FNSEA le 5 septembre 2024 lors de sa conférence de presse de rentrée. « Cette tendance plus qu’inquiétante évoque une autre chute bien plus profonde et structurelle que nous vivons depuis des années et qui ne veut pas dire son nom, celle d’une véritable liquidation planifiée de l’agriculture française. Des mots forts que j’assume », a souligné Eric Thirouin, président de l’organisation.

Philippe Heusèle (gauche) et Eric Thirouin, respectivement secrétaire général et président de l'AGPB, lors de la conférence de presse de rentrée de l'organisation, le 5 septembre 2024 à Paris. (©  Raphaëlle Borget/GFA)

L’AGPB dénonce notamment la multiplication des réglementations et restrictions et les impasses techniques qui fragilisent doucement mais sûrement les capacités de production françaises. En bref, les doléances qu’elle exprime depuis plusieurs années sans être entendue, estime-t-elle. « On nous promet “pas d’interdiction sans solution” mais très concrètement, on en a eues, illustre Eric Thirouin. Et que dire des annonces qui ont fait suite à la mobilisation historique de cet hiver et qui sont restées sans déclinaisons. »

Des mesures d’urgence

Si le rendement est supérieur à l’année noire de 2016, la situation est plus dégradée du fait d’un « effet ciseaux est extrêmement fort, pour la deuxième année consécutive, reprend Eric Thirouin. On en a moins parlé en 2023 car nous sortions de deux années plutôt bonnes qui avaient permis de renflouer les caisses. Cette année, beaucoup d’exploitations sont dans le rouge ». Avec un rendement moyen de 62 q/ha, un coût de revient du blé tendre à 264 €/t, aides Pac déduites, et un prix payé à l’agriculteur de 175 €/t, l’AGPB calcule une perte de 550 €/ha.

Cotisations de MSA, mesures fiscales… « Nous poussons au maximum la panoplie de mesures dont nous disposons pour limiter la casse », explique Eric Thirouin. Le gouvernement avait fait des annonces en ce sens le 12 août dernier. Dont « la plus urgente », la mise en place de PGE agricoles (prêts garantis par l’État). « Ça, c’est l’urgence. Ensuite, il faudra, à plus long terme, que les pouvoirs publics réfléchissent à une stratégie alimentaire française pour inverser la tendance et sauver nos filières », ajoute-t-il. Et le président de rappeler la force exportatrice de la France. « Rares sont les pays autosuffisants en céréales, et plus rares encore sont ceux qui peuvent exporter. Alors doit-on se résigner à laisser tomber une filière d’excellence, pour se retrouver dans quelques années à importer notre alimentation et perdre toute influence sur la scène internationale ? », a-t-il questionné.

Améliorer l’assurance récolte

L’assurance récolte pourrait, quant à elle, être améliorée, selon l’AGPB. « Son coût est relativement élevé, c’est d’ailleurs pour cela que deux tiers des céréaliers n’y ont pas souscrit », signale le président de l’organisation. Cette dernière soulève notamment un remboursement trop lent de la part prise en charge par l’Europe, et la moyenne olympique qui ne cesse de chuter et fait pourtant office de référence.

(1) Association générale des producteurs de blé.

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