Un rendement moyen de 59,33 q/ha pour le blé tendre tricolore en 2024 : c’est l’estimation d’Argus Media, communiquée le 8 août 2024. Cela représenterait une chute de 18,7 % par rapport à la moyenne quinquennale. Avec un repli des surfaces de près de 11 %, la production atteindrait 25,17 millions de tonnes. Elle serait ainsi inférieure de 27,2 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, établie à 34,58 millions de tonnes. Le cabinet Veille au grain parlait le 24 juillet d’un rendement moyen de 63,5 q/ha, à ajuster avec l’avancée des coupes tardives.

« Il faut remonter à 1983 et ses 24,5 millions de tonnes pour retrouver une récolte aussi faible », commente Gautier Le Molgat, directeur d’Argus Media France. Elle sera donc inférieure à celle de 2016, où le rendement national n’avait même pas atteint les 54 q/ha, mais qui comptait 900 000 ha supplémentaires, selon l’expert. « La grande majorité des régions de production accuse des baisses de rendement presque uniformes de 15 à 25 % par rapport à la moyenne. Seule la zone la plus au Sud enregistre un moindre recul », ajoute le cabinet.

Déclassement

La qualité de la récolte, elle aussi, déçoit. La chute des rendements a globalement permis de valoriser les apports azotés sous forme de protéines, « plutôt au-dessus des moyennes » selon Veille au grain. Les PS (poids spécifiques) en revanche, apparaissent hétérogènes, et souvent inférieurs à la norme meunière de 76 kg/hl. « Un important travail du grain devrait toutefois permettre de répondre aux attentes qualitatives des débouchés les plus exigeants malgré un volume fourrager important », estime Argus Media.

« La France est traditionnellement exportatrice de 17 millions de tonnes. […] Ce sera une fois de plus la variable d’ajustement. Les exports extracommunautaires chuteraient à seulement 6 millions de tonnes contre 9 millions de tonnes en moyenne ces dernières années », indique Veille au grain.

Excès de pluie, du semis à la récolte, manque d’ensoleillement, températures faibles… Les facteurs qui ont conduit à cette chute des rendements sont multiples, comme le rappellent les deux cabinets. Et ceux-ci s’accordent : cette récolte, « catastrophique », aura des répercussions sur l’ensemble de la filière céréalière.