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La relocalisation des fruits et légumes en France reste limitée

Le réchauffement climatique peut être une opportunité de relocaliser les productions d'olives, d'amandes ou d'agrumes dans le sud de la France.

La relocalisation en France de certaines productions de fruits et légumes ouvre de nouvelles perspectives. Mais elle ne concerne que des marchés de niche à haute valeur ajoutée, indique un rapport du CGAAER (1).

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Le ministère de l’Agriculture a rendu public le 21 mars 2025, un rapport sur « les conditions d’une relocalisation en France de certaines productions de fruits et légumes ». Les fruits et légumes en question sont ceux aujourd’hui majoritairement importés de l’Espagne, de l’Italie et du Maroc (2). Ces pays sont en effet de plus en plus confrontés à des pénuries d’eau et à une réduction de la disponibilité de main-d’œuvre, ce qui pourrait affecter « leur capacité à maintenir des niveaux de production stables ». L’enquête du CGAAER montre cependant que ces pays « n’envisagent pas de réduction significative de leurs volumes de production ».

Malgré des contraintes croissantes, le Maroc, l’Espagne, et l’Italie investissent énormément en matière de gestion de l’eau, pour maintenir leur compétitivité sur le marché des fruits et légumes. « Ils misent sur des investissements conséquents dans les technologies de dessalement d’eau de mer, qui permettent d’augmenter les réserves disponibles pour l’agriculture, remarque le CGAAER. À cela s’ajoutent des initiatives visant à moderniser les systèmes d’irrigation, à optimiser la consommation d’eau grâce à des méthodes comme l’irrigation au goutte-à-goutte et à développer le recyclage des eaux usées. »

Une relocalisation « limitée et ciblée »

Pour le CGAAER, relocaliser en France certaines productions « ne pourra se faire que de manière limitée et ciblée ». L’objectif affiché est « d’augmenter le taux d’auto-approvisionnement de la France en fruits et légumes de cinq points d’ici à 2030 et de dix points d’ici à 2035 ».

Si le réchauffement climatique représente un défi pour les productions agricoles, il peut aussi se révéler source d’opportunités en rendant désormais possible certaines cultures sur le sol français.

L’olivier, l’amande ou les agrumes pourraient ainsi être relocalisés dans le sud de la France, « à condition de viser un marché de niche à haute valeur ajoutée », estime le CGAAER. D’autres cultures « confidentielles » telles que les kakis, pistaches et cacahuètes commencent également à émerger. Loin de combler les besoins globaux de la France en fruits et légumes, le rapport souligne les nouvelles opportunités qu’offrent ces productions : « permettre, d’une part, à la France de se positionner sur des segments de produits premium […] et, d’autre part, d’offrir aux agriculteurs d’intéressants compléments de revenu. »

Certains industriels intéressés

L’enquête révèle par ailleurs que certains industriels opérant en France dans le secteur des légumes souhaiteraient « relocaliser une partie des productions afin de sécuriser leurs apports sur le long terme » et ce même malgré des coûts de matière première un peu plus élevés. Mais cela ne serait possible que sur « certains marchés porteurs et compétitifs », notamment le maïs doux, les haricots verts ou les tomates destinées à la transformation.

Encore faudra-t-il encourager les agriculteurs à s’y investir, par « un travail sur la gestion des risques, les systèmes assurantiels et la contractualisation », détaille le rapport. Lors de l’enquête, le groupe Florette a aussi mentionné l’accroissement en France de sa production de salade Iceberg, « bien valorisée en quatrième gamme » et dont la production devient difficile dans le sud de l’Europe.

La France a du potentiel pour relocaliser partiellement la production, « sous réserve d’un cadre de politique publique plus cohérent, d’une mobilisation accrue des financements disponibles et d’une meilleure coordination des acteurs », souligne le rapport. Le CGAAER recommande de porter attention à « l’adaptation des bassins de production français, à la gestion de l’eau et à l’innovation technologique ». Par exemple, « l’État doit initier et décliner des « plans eau », analogues à celui présenté en 2024 en Occitanie », ces démarches consensuelles étant tout particulièrement nécessaires pour les filières des fruits et légumes.

Enfin la profession pourrait davantage « évaluer la performance des organisations collectives en matière de fruits et légumes » chez ses concurrents espagnols, italiens ou néerlandais, estime le CGAAER.

Ce rapport sur la relocalisation paraît au moment même où la profession, elle, s’inquiète d’un « net ralentissement » du plan de souveraineté pour les fruits et légumes susceptible d’encore affaiblir la production nationale.

(1) Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux. 

(2) L’Espagne est le premier fournisseur de la France en fruits et légumes frais, notamment en tomates, fraises, melons, pastèques, poivrons, courgettes… Le Maroc exporte principalement vers la France des tomates et des agrumes. D’Italie, viennent surtout des kiwis, pommes, raisins et agrumes.

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