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La colère des agriculteurs est montée d’un cran

Les agriculteurs et agricultrices ont poursuivi leurs blocages autour de Paris et partout en France.

Au huitième jour de mobilisation, les blocages se sont multipliés autour de la capitale et partout en France. Sur le terrain, à bord de leurs tracteurs, les agriculteurs l’assurent : « Nous sommes là pour durer. »

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« On se fout de nous ! » La colère des agriculteurs et agricultrices est encore montée d’un cran ce lundi 29 janvier 2024. Selon la gendarmerie à l’AFP, trente départements étaient touchés par des blocages, et seize autoroutes étaient concernées partout en France. Car en plus du « blocus parisien » commencé vendredi dernier, aucune région n’a été épargnée.

Paris encerclée

Au total, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) ont organisé huit « points de blocage » sur les grands axes routiers autour de la capitale depuis 14 heures ce lundi. Et ce, « pour une durée toujours indéterminée ». Quelque 15 000 membres des forces de l’ordre devaient être mobilisés pour empêcher notamment que les tracteurs entrent dans Paris, ou dans les grandes villes.

En Île-de-France, l’autoroute A1 était bloquée dans les deux sens par un convoi long de sept à huit kilomètres, avec près de 250 tracteurs. « On voit les pistes d’atterrissage de Roissy-Charles-de-Gaulle, s’est réjoui Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA au volant de son véhicule. Des agriculteurs vont se relayer toute la nuit. On ne risque pas de rouvrir l’accès à Lille de sitôt ! »

Venus également de l’Oise pour mener une opération escargot jusqu’à Chambly sur l’A16, près de 200 tracteurs se sont donné rendez-vous sur les réseaux secondaires. « Ça donne des frissons de voir autant de tracteurs, a confié à La France Agricole Vincent Verschuere, éleveur de vaches laitières dans l’Oise à bord de son engin. Aujourd’hui, ce sont 400 tracteurs au minimum qui ont quitté l’Oise pour le blocus de Paris. Et ça ne va pas s’arrêter, on est là pour durer ! »

À environ soixante kilomètres au nord-ouest de Paris, à la gare péage de Buchelay, dans les Yvelines, l’autoroute A13 était également bloquée. Selon les organisateurs à l’AFP, quelque 80 tracteurs participaient à l’action. Et dès demain, mardi, ils devraient être rejoints par une vingtaine d’engins supplémentaires venus de l’Eure. De l’autre côté de la capitale, à Jossigny, en Seine-et-Marne, c’est l’A4 qui était à l’arrêt, les agriculteurs ayant préparé l’installation d’un campement sur les voies avec barnum, groupe électrogène et braseros. De quoi maintenir le siège de la capitale.

Quant au centre de Paris, si aucun blocage d’agriculteurs n’a encore eu lieu, des militants de Greenpeace ont déployé une grande banderole sur le pont de la Concorde, pour affirmer leur soutien à la mobilisation et exiger du gouvernement un cap clair pour soutenir la transition agroécologique.

Maintenir la mobilisation dans les régions

« Face au manque de considération du gouvernement, nous appelons nos adhérents à maintenir la mobilisation », ont affirmé la FNSEA et les JA des Deux-Sèvres dans un communiqué commun. En dehors du blocus parisien, les agriculteurs ont également été nombreux à se mobiliser à nouveau dans les régions. Autour de Lyon, le blocage a débuté « doucement » ce lundi, et « le gros des troupes arrivera demain », a confié à l’AFP Michel Joux, patron de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.

Déjà bloquée dans les deux sens entre Chanas (Isère) et Orange (Vaucluse), l’A7 était « coupée » en plusieurs points au sud de Lyon dans les deux sens, selon Vinci Autoroute. De sources préfectorales, des blocages étaient également signalés sur l’A43 à hauteur de Saint-Clair-de-la-Tour, l’A48 à Grenoble, ainsi que l’A49 dans la Drôme.

Du côté de la Bretagne, de nombreuses routes nationales étaient bloquées, notamment près de Quimper ou à hauteur de Ploërmel, importants nœuds routiers au centre de la péninsule, selon un communiqué de Bison futé. Sur l’A11, qui relie Nantes à l’Île-de-France, « la circulation est impossible entre Seiches-sur-le-Loir et Durtal en direction du Mans », pouvait-on lire sur le compte X de l’autoroute.

La Confédération paysanne veut aussi se faire entendre

La Confédération paysanne « affirme sa solidarité avec les mouvements d’agriculteurs et d’agricultrices en France », déclarait un communiqué de l’antenne du syndicat dans l’Orne. À Alençon, une cinquantaine de personnes se sont donné rendez-vous devant les grilles de la préfecture, alors que le préfet rencontrait une délégation du syndicat.

« On est là en soutien au mouvement », a expliqué Julien Renou à La France Agricole. Agriculteur et membre du syndicat, il a réagi après les mesures annoncées par Gabriel Attal lors de son déplacement dans le Sud-Ouest : « le problème n’est pas du tout réglé, il faut continuer à profiter de la mobilisation pour se faire entendre ».

« Ils ont allumé la mèche avec l’arrêt de la détaxation du GNR, maintenant ils se retrouvent avec toutes les revendications qui couvent depuis longtemps, affirme-t-il, on a besoin de plus de concret : un paysan qui se suicide tous les deux jours, ça c’est concret ». Dans l’Orne, le syndicat réfléchit à des actions plus importantes, avec notamment la grande distribution en ligne de mire.

Selon Julien Renou, « si le gouvernement ne répond pas positivement au minimum à faire respecter la Loi Egalim et à s’engager sur l’augmentation du revenu des paysans, le mouvement va continuer ». La Confédération paysanne se mobilisait aussi à Yvetot, en Seine-Maritime, ce lundi pour faire entendre ses revendications.

De nouvelles mesures pour faire face à la crise

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a confirmé ce lundi sur France 2 que de nouvelles mesures seraient annoncées « dans les 48 heures » pour « compléter et montrer la globalité » de la réponse du gouvernement face à une crise « multiple ». Depuis la préfecture du Val-de-Marne à midi, il a précisé qu’il continuait à travailler sur les premières mesures de simplification annoncées par le Premier ministre et qu’il défendrait cette semaine à Bruxelles une révision de certaines décisions.

De "nouvelles mesures seront prises dès demain" en faveur des agriculteurs, a annoncé mardi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot à l'issue du Conseil des ministres. "Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a fait savoir que de nouvelles mesures seront prises dès demain", a-t-elle affirmé devant la presse, confirmant en outre que le Premier ministre Gabriel Attal allait recevoir "ce soir les représentants" des syndicats agricoles.L’AFP a précisé de sources concordantes, que cet entretien aurait lieu en présence des ministres de l’Agriculture Marc Fesneau et de la Transition écologique Christophe Béchu.

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