Après l’Ariège vendredi dernier, c’est en Indre-et-Loire que le Premier ministre Gabriel Attal a choisi de se rendre ce dimanche 28 janvier 2024. Objectif : rassurer les agriculteurs, et donner des précisions sur ses annonces. « Je veux qu’on voit les mesures supplémentaires qu’on peut prendre sur ces histoires de concurrence déloyales, a-t-il précisé. Ce n’est pas normal que vous soyez empêchés d’utiliser certains produits [phytosanitaires], […] mais que les pays voisins, Italie ou autres, les utilisent et que cela arrive ensuite chez nous. »
« Il va falloir trouver une solution »
Lors de cet échange, le maraîcher qui recevait Gabriel Attal a pris l’exemple de l’Espagne et de la valorisation de la production française. « Cette transition agroécologique, que j’appelle de mes vœux en tant que citoyen, comment on fait. […] C’est très hypocrite de faire venir des légumes d’Espagne. Ils sont en train de foutre en l’air leur écosystème et leur eau, alors qu’on pourrait les produire ici. Il va falloir trouver une solution. »
« Je ne sais pas comment on peut valoriser les efforts que les agriculteurs font sur le plan environnemental, a-t-il poursuivi. Mais il va falloir qu’on y arrive. Les deux labels que vous avez, le bio ou le HVE, il n’y a rien derrière. Je suis HVE. J’arrive en fin de certification, c’est trois ans. Je ne sais pas si je vais reconduire parce qu’on fait des efforts, on est dans cet état d’esprit, mais derrière il n’y a rien. Il n’y a pas de revalorisation derrière. »
« Maintenant il faut appliquer » Egalim
Le Premier ministre a saisi l’occasion pour revenir sur la question des négociations commerciales, et de l’équilibre des relations dans les filières. « On a fait des plans de filières, a défendu Gabriel Attal. Egalim, il y a un enjeu d’application. Mais avant Egalim, il y avait quoi ? La loi LME (1) qui donnait les pleins pouvoirs à la grande distribution Je n’ai pas rencontré un seul agriculteur ou un seul éleveur me disant Egalim, ce n’est pas un progrès. Maintenant il faut l’appliquer, et j’ai déjà annoncé trois grosses sanctions. »
Gabriel Attal ne s’est pas arrêté là. Il a aussi enfoncé le clou sur les « injonctions contradictoires » envoyées aux agriculteurs. « D’un côté, on dit : il faut soutenir nos agriculteurs, faire en sorte qu’ils puissent travailler; de l’autre, vous avez des freins administratifs, des recours qui n’en finissent plus dès que vous avez le moindre projet. Ça, je vous le dis j’en suis conscient, le président de la République en a conscience, et l’enjeu est de trouver des solutions à court, moyen, et long terme pour sortir de ces injonctions contradictoires. »
« La réalité est qu’on a besoin des agriculteurs pour nous nourrir, et on a la chance en France d’avoir une agriculture de qualité, a martelé le Premier ministre. C’est quoi pour nous les priorités pour nos agriculteurs. D’abord, c’est produire. Ceux qui disent que l’objectif est de produire moins, c’est une forme de décroissance. Cela existe, il y a une offre politique pour cela, ce n’est pas notre point de vue et je ne crois pas que cela soit celui des Français. Les Français sont conscients que si on veut être autonome, si on veut être souverain, il faut produire. »
(1) Loi de modernisation de l’économie.