Lors d’une opération escargot, des dizaines de tracteurs ont progressé sur un important échangeur avant de bloquer la circulation sur l’autoroute E42 au nord de Namur dans le sud du pays. Il est devenu « impossible de tirer un revenu décent » des activités agricoles, a déclaré à l’AFP Pierre D’Hulst, porte-parole de la Fédération des jeunes agriculteurs (FJA) de Belgique, qui a organisé la manifestation.

« Faire plus avec moins de moyens »

Sur les tracteurs étaient placardées des affiches : « Notre fin sera votre faim », et « Rêve d’enfant, cauchemar d’adulte ». Des agriculteurs manifestant devant un stade de football dimanche ont provoqué de report d’une trentaine de minutes d’un match opposant le FC Genk et l’équipe de Saint-Trond. Un peu plus tôt dans la semaine, la FJA affichait sur sa page Facebook des images de panneaux retournés à l’entrée des villes, à l’image de l’opération « On marche sur la tête » qui a eu lieu en France.

« Nous demandons une réforme de la politique agricole commune qui prend en compte la réalité du terrain, a-t-il ajouté. Tous les agriculteurs doivent faire plus avec moins de moyens. Les agriculteurs, ils sont prêts à faire des efforts mais pour faire ça, il faut qu’ils puissent vivre décemment. » Pierre d’Hulst a également dénoncé la concurrence avec les produits d’importation qui ne sont pas soumis aux mêmes normes.

« Remettre les réalités agricoles et agronomiques au centre des décisions européennes ! »

« L’Europe n’arrête pas de presser, d’essorer et d’écraser ses agriculteurs », a affirmé la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA) sur son site internet. « Il est temps que ça s’arrête ! Il est temps de remettre les réalités agricoles et agronomiques au centre des décisions européennes ! », a ajouté le syndicat. Samedi, une centaine de tracteurs ont mené une action d’ampleur sur la route circulaire autour de la ville de Mons, où se déroule le Festival des lumières.

La colère des agriculteurs s’est exprimée dans plusieurs pays européens, particulièrement en France, où des paysans de la Région parisienne ont annoncé leur intention d’entamer lundi « un siège de la capitale pour une durée indéterminée » et de bloquer le gigantesque marché alimentaire de Rungis, au sud de Paris.

Les manifestations se sont également multipliées en Allemagne, en Roumanie, en Pologne, et aux Pays-Bas, alors que l’Union européenne est confrontée à une montée des revendications avant les élections européennes prévues en juin sur fond d’essor de l’extrême droite.