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En pleine récolte, les prix des céréales bougent peu

La relative stabilité des prix est liée à la fois à « des incertitudes » du marché et « aux fondamentaux » agricoles, notamment des rendements de blé décevants en Russie.

Les prix des céréales évoluent peu, malgré les récoltes qui s’accélèrent dans l’hémisphère Nord, avec notamment la promesse de bons rendements en France. Un léger regain de la demande et quelques inquiétudes pour le blé russe apportent un peu de soutien aux cours.

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De la Bourse de Chicago au marché européen, les cours restent plutôt orientés à la baisse mais sans évolution majeure ces derniers jours. Sur Euronext, les prix du blé gravitent depuis des semaines autour des 200 euros la tonne. « On a de plutôt bonnes récoltes dans l’hémisphère Nord » et en France, première puissance céréalière de l’Union européenne. « Les rendements sont meilleurs qu’attendu en blé, et excellents en orge », observe Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés.

La production française de blé est attendue à 32,6 millions de tonnes en 2025, en hausse de 27 % par rapport à la moisson désastreuse de l’an dernier, selon les premières estimations du ministère de l’Agriculture. Le rebond est toutefois limité, du fait d’une hausse modérée des surfaces après des années de reflux. Agreste, le service statistique du ministère, attend par ailleurs de bons rendements en orge, blé dur, triticale et avoine.

Rétention des agriculteurs et rendements décevants en Russie

Pour Edward de Saint-Denis, la relative stabilité des prix est liée à la fois à « des incertitudes » — les annonces et revirements de Donald Trump sur les tarifs douaniers, les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine — et « aux fondamentaux » agricoles liés à la météo.

« En pleine récolte, les prix se tiennent », abonde Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Média France. Le récent coup de chaud en Europe de l’Ouest ne semble pas avoir eu d’impact majeur sur les blés, tandis qu’en Russie, « les premiers rendements sont moins bons que les années précédentes et on peut s’interroger sur les qualités », selon cet analyste.

Ce sont ces rendements décevants dans le sud de la Russie et une certaine rétention des agriculteurs — qui diffèrent leurs ventes en espérant voir les prix remonter, d’autant que des taxes russes à l’export ont été levées — qui apportent un peu de soutien aux prix sur Euronext, selon Argus Média.

Maïs américain en baisse

De l’autre côté de l’Atlantique, les cours sont en phase de « consolidation » et demeurent à des niveaux « bas », alors que l’offre de maïs et de soja est « potentiellement importante », pour Arlan Suderman de la plateforme de courtage StoneX. L’annonce d’une réduction des stocks américains de maïs dans le dernier rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture et d’une hausse de production moins importante qu’estimé le mois dernier, n’a pas apporté de franc soutien aux cours. D’autant que de très belles récoltes de maïs sont attendues au Brésil et en Argentine.

En revanche, le maïs restait soutenu en Europe du fait du temps chaud et sec qui pénalise certaines cultures dans le sud de la France et le sud-est de l’Europe.

Absence de la Chine aux achats de soja

Quant au soja américain, il bénéficie des « meilleures conditions (de culture) depuis huit ou neuf ans », avec 70 % des surfaces de soja actuellement dans un état considéré comme « bon » ou « excellent », contre 66 % la semaine passée et 68 % l’an dernier à la même période, indique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

Pour Arlan Suderman, « il faut s’inquiéter de l’absence d’achat de soja par la Chine ». « Le mois de juillet est généralement le moment où ils intensifient leurs achats pour les livraisons du quatrième trimestre. Ils sont encore largement absents du marché américain », souligne-t-il, sans en tirer à ce jour de conclusion quant aux achats chinois à venir dans le cadre de la guerre commerciale lancée par le président américain.

D’une manière générale, les investisseurs « se sont lassés de tous les gros titres […] et ont décidé de se concentrer sur ce qu’ils savent, à savoir les conditions météorologiques […] et les facteurs de demande », souligne Arlan Suderman.

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