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Nouvelle hausse des prix des céréales

Le prix des céréales remonte cette semaine notamment en raison des conditions climatiques, constate Tallage.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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La poursuite de conditions trop sèches dans le nord de l’Union européenne et aux États-Unis a largement participé à la remontée des prix des céréales, pour la troisième semaine consécutive. Le pessimisme ambiant autour du corridor maritime en Ukraine a également soutenu les cours. La baisse des prix du pétrole et le retour des pluies au Canada ont empêché le colza de suivre les autres commodités agricoles.

Le marché du blé est très nerveux, entre enjeux géopolitiques et « Weather Market »

Les prix du blé ont de nouveau progressé cette semaine, et de manière très marquée. Le blé rendu Rouen s’est renchéri de 13 €/t, à 243 €/t, ce qui a conduit le Fob Rouen à gagner 14 $/t, à 272 $/t (l’euro ayant peu varié cette semaine). Cette flambée des cours du blé s’explique par des conditions météorologiques trop sèches dans de nombreux endroits du globe. Malgré un retour des pluies en Amérique du Nord sur les zones productrices de blé, le temps sec a fait quelques dégâts sur les semis les plus précoces. D’autres pluies seront nécessaires rapidement pour continuer d’améliorer la situation.

Les précipitations n’ont pas concerné le grand bassin de production de maïs aux États-Unis, ce qui a fortement soutenu les prix du maïs, et par ricochet ceux du blé. Le blé SRW a gagné 40 $/t au cours de la semaine et le HRW a progressé de 30 $/t, à respectivement 290 $/t et 361 $/t. Cette semaine, la fédération des meuniers indiens a indiqué qu’il lui était difficile de s’approvisionner en blé, sous-entendant que le chiffre de production de 112,7 millions de tonnes du gouvernement indien était surestimé.

Une partie du marché était déjà convaincue de cela depuis plusieurs semaines et estimait la récolte plutôt entre 100 et 103 millions de tonnes. En Europe, les conditions sont toujours sèches et chaudes dans le Nord, notamment dans les pays baltes et la Scandinavie. D’ailleurs, l’association des coopératives allemandes a de nouveau révisé en baisse sa prévision de production.

Au fil des semaines, l’offre mondiale de blé pour 2023 s’est amoindrie et les prix repartent à la hausse pour la plupart des origines. Malgré de très bonnes perspectives de récolte en France, les prix n’ont pas résisté à la fièvre générale et Euronext a atteint son plus haut niveau depuis deux mois. Seuls les prix russes et ukrainiens font de la résistance et se sont stabilisés en raison des disponibilités toujours très importantes pour ces deux origines.

Le blé russe à 12,5 % de protéines reste coté à 232,5 $/t, bien en dessous du blé français (de 40 $/t). D’ailleurs, l’Algérie a acheté 630 000 tonnes de blé meunier cette semaine, dont l’immense majorité a été remportée par la Russie. Le sévère manque de compétitivité de l’origine française n’a pas permis d’imposer un seul bateau. L’avenir du corridor maritime d’exportation de grains au départ de l’Ukraine semble compromis, ce qui soutient également les origines européennes.

Hausse des prix du maïs sur le marché mondial

Les prix du maïs français ont encore évolué à la hausse sur la semaine. Le maïs Fob Rhin a progressé de 14 €/t, à 248 €/t (échéance de juillet-septembre) en nominal. Son homologue Fob Bordeaux a pour sa part augmenté de 9 €/t, pour s’afficher à 239 €/t (échéance de juin-septembre). Les conditions climatiques constituent l’élément majeur de la hausse des prix sur les marchés des matières premières.

En effet, les conditions sèches au cœur de la Corn-belt affectent fortement l’état des cultures. En date du 18 juin, seuls 55 % des maïs américains étaient jugés dans un état bon à excellent, contre 70 % l’année dernière. Il s’agit d’une des notations les plus basses enregistrées depuis des années. Toutefois, la phase critique aux États-Unis n’est pas encore atteinte. Si les pluies font leur apparition lors des prochains jours, les maïs pourraient en profiter.

Concernant le prix du maïs Fob Gulf, il a augmenté de 15 $/t sur la semaine, à 285 $/t. Du côté sud-américain, la Bourse de Buenos Aires vient d’abaisser son estimation de production en Argentine de 2 millions de tonnes, à 34 millions de tonnes, confirmant l’impact de la sécheresse historique. La récolte brésilienne devrait compenser en partie la baisse de production de son voisin. La deuxième récolte safrinha est attendue à un niveau record grâce à la hausse des surfaces et de très bonnes conditions. Certains analystes estiment cette dernière à plus de 100 millions de tonnes. La production totale du Brésil est estimée entre 125 et 135 millions de tonnes.

En France, les conditions s’améliorent dans la partie nord grâce aux récentes précipitations. Dans le Sud-Ouest, la bonne pluviométrie de ces dernières semaines permet de conserver un bon potentiel de production. Toutefois, la réduction de la production mondiale de blé, due aussi aux conditions climatiques défavorables chez les principaux pays exportateurs, tire les prix du maïs vers le haut, tout comme la très faible probabilité de renouvellement du corridor maritime de l’Ukraine le 18 juillet prochain.

Un colza chahuté

Au cours de la semaine, les cours du colza ont décollé pour finalement retomber à un niveau proche de celui de la mi-juin. Le vendredi 16 juin, impulsés par les fortes inquiétudes pour les sojas américains et les canolas canadiens soumis à un manque de pluie persistant depuis plusieurs semaines, les prix du canola au Canada et du colza en France ont grimpé à des niveaux élevés.

Le contrat sur juillet sur Euronext a ainsi atteint 473,50 €/t à la clôture vendredi dernier, en hausse de 28,50 €/t sur une journée. Les prix de la graine de colza ont aussi été soutenus par la hausse de l’ensemble des prix des huiles. Des rumeurs sur les nouveaux taux d’incorporation obligatoire des biocarburants aux États-Unis ont émergé, la date d’annonce de ces taux approchant : le marché s’attendait à une forte hausse du mandat pour le biodiesel.

Cela a soutenu les cours de l’huile de soja au début de la semaine, ainsi que celui des autres huiles par ricochet. Les chiffres finalement révélés par l’Agence de l’environnement américaine (EPA) le mercredi 21 juin ont été en dessous des attentes. Cela a entraîné le cours de l’huile de soja et de la fève à Chicago vers le bas, pesant sur les prix du colza des deux côtés de l’Atlantique.

La diminution du prix du pétrole a aussi eu un effet baissier sur les huiles. Ainsi, lors des deux dernières sessions, le colza sur Euronext a vu ses gains des jours précédents totalement effacés. Le jeudi 22 juin, le contrat sur juillet clôturait ainsi 1,75 €/t en deçà du cours de compensation du jeudi précédent. Sur le marché physique, les évolutions de prix ont été quasi similaires, si bien que le colza rendu Rouen au 22 juin retrouvait le même niveau de prix qu’une semaine auparavant (441 €/t). Le colza Fob Moselle a pour sa part diminué de 1,5 €/t sur la semaine.

De plus, des pluies sont désormais annoncées dans le Midwest américain pour les deux prochaines semaines. Cela a contribué à un nouveau recul des cours du soja à Chicago, et du colza sur Euronext pendant la séance du vendredi 23 juin. Les cultures du soja n’étant qu’en début de cycle, le retour de pluies pourrait permettre de stabiliser l’état des cultures, et de maintenir le potentiel de rendement.

À noter que les conditions de culture des canolas au Canada restent plutôt bonnes. Des pluies ont arrosé de nombreuses régions de production des prairies de l’Ouest au cours des derniers jours. Dans l’Union européenne, la production de colza a été affectée ces dernières semaines par le manque d’eau dans les zones septentrionales : le potentiel des cultures a été revu en baisse en Pologne, dans les pays scandinaves et baltes, ainsi que dans le nord de l’Allemagne. Néanmoins, c’est toujours un bon niveau de récolte qui est attendu dans l’Union européenne 27 en 2023.

Le tourteau de soja en hausse

Le manque d’eau sur les grandes plaines américaines a entraîné une dégradation des notations de l’état des cultures de soja aux États-Unis dans le dernier rapport hebdomadaire de l’USDA. Cela a fortement contribué à entraîner le prix des tourteaux de soja à la hausse sur le marché américain cette semaine.

L’annonce du retour des pluies sur le Midwest a en partie tempéré cet effet haussier, mais sur la semaine, les cours du tourteau à la Bourse de Chicago ont tout de même progressé de 34 $/t sur le contrat sur juillet. En France, les évolutions de prix sont similaires, avec un rebond de 36 €/t du cours du tourteau de soja à Montoir-de-Bretagne.

Le tourteau de soja a aussi bénéficié d’un regain d’intérêt des fabricants d’aliments, après la forte correction à la baisse des prix enregistrée entre le début et la moitié du mois de juin. Les acheteurs se sont majoritairement tournés vers cette matière, délaissant temporairement les autres tourteaux.

À suivre : retour des pluies aux USA (maïs et soja surtout), négociations autour du corridor maritime en Ukraine, conditions climatiques en Europe, évolution du prix du pétrole, intensité du phénomène climatique El Niño (Australie).

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