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Loi Duplomb : « les agriculteurs français ne sont pas unis sur cette proposition »

Stéphane Galais s’inquiète de la réintroduction de l'acétamipride pour les apiculteurs et la « pollinisation des cultures ».

La Confédération paysanne a déploré l’homogénéisation du monde agricole sur la proposition de loi Duplomb. Selon elle, seule « une minorité » bénéficiaire des mesures s’agite en faveur du texte.

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« Les agriculteurs français », un bloc homogène ? Une fausse idée selon la Confédération paysanne, qui organisait une conférence de presse vendredi 23 mai 2025 pour renouveler son opposition à la proposition de loi Duplomb (du nom de son coauteur, Laurent Duplomb). La proposition de loi controversée visant à « lever les contraintes » à l’exercice du métier d’agriculteur sera examinée par l’ensemble des députés lundi 26 mai.

« C’est désolant d’entendre “les agriculteurs” alors que ce n’est qu’une partie qui s’exprime », a déploré la nouvelle coporte-parole du syndicat, Fanny Metrat à propos de la mobilisation syndicale sur le texte. « Nous, paysannes et paysans, nous sommes contre ce texte de loi. Elle ne répond qu’au profit d’une petite minorité. » [...] « On refuse qu’un seul son de cloche soit imposé, attaque l’éleveuse. Les agriculteurs français ne sont pas unis sur cette proposition. »

ICPE, stockage de l’eau et phytos

Les points de discorde syndicaux ? La Confédération paysanne s’oppose à la proposition de loi sur le relèvement des seuils ICPE pour les élevages de bovins (dont le gouvernement porte un amendement visant à passer de 150 à 200 vaches laitières). « Une exploitation moyenne, c’est 66 vaches laitières. Ces seuils-là bénéficieront qu’à une toute petite partie des élevages », avance Stéphane Galais, éleveur en Bretagne et coporte-parole.

Sur les mesures concernant l’eau, le syndicat ne serait pas contre le stockage de l’eau en soi, « il faut qu’on arrête avec ce raisonnement-là », s’impatiente le troisième coporte-parole Thomas Gibert, maraîcher qui a lui-même un projet de retenue collinaire. « Le problème des mégabassines, c’est la question de l’accaparement. Il faut qu’un maximum de paysans puissent y avoir accès », plaide celui pour qui l’eau devrait être répartie d’abord en faveur de l’abreuvement du bétail (qui fait d’ailleurs l’objet d’un amendement sur le texte) et des cultures de fruits et légumes, plutôt que « des cultures à vocation énergétique » comme le maïs.

Quant à la réintroduction de l’acétamipride, le syndicat dément « l’impasse technique » et préfère parler de « question d’économie », précise Stéphane Galais. Il s’inquiète pour les apiculteurs et la « pollinisation des cultures » du produit toxique pour les abeilles. « On ne peut pas mettre en péril tout le secteur agricole pour des enjeux d’exportations sur quelques filières », ajoute le coporte-parole en visant les betteraves sucrières et la coopérative Unicoque, spécialisée dans la noisette.

Convaincre ceux qui « doutent »

Pour faire entendre leur voix, le syndicat qui a recueilli 20 % des suffrages aux élections professionnelles se mobilise auprès des députés. Après avoir envoyé un courrier aux élus de la chambre basse, espérant convaincre ceux qui « doutent », ils appellent à « soutenir les députés qui s’opposent déjà à cette loi » et déposent des fleurs, symbole de la biodiversité, devant les permanences des députés. Le syndicat veut aussi être présent lundi, dans les tribunes publiques de l’Hémicycle au moment de la discussion de la proposition de loi.

L’issue de ce texte reste encore très incertaine : plus de 3 300 amendements (déposés en partie par les écologistes et LFI) doivent être discutés en une semaine, une technique d’« obstruction parlementaire », ont commenté les services du ministère de l’Agriculture et de la Transition écologique.

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