Grippe aviaire Retrouver la motivation après deux dépeuplements
En février 2021, l’élevage de Lionel Capdeboscq, éleveur landais indépendant de canards, était déclaré foyer du fait d’une contamination à l’influenza aviaire hautement pathogène. Près d’un an plus tard, son élevage était une nouvelle fois dépeuplé, préventivement cette fois. Il témoigne.
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À Lauret, dans les Landes, aux frontières des Pyrénées-Atlantiques et du Gers, l’exploitation de Lionel Capdeboscq est bien silencieuse : au début de 2022, son élevage a été dépeuplé de manière préventive, près d’un an après l’avoir été en raison d’une contamination par l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP).
Livraisons de canetons compromises
« La première fois, ça a été très dur moralement pour mes parents. Moi j’ai accusé le coup quelques jours, après il a fallu rebondir. […] Mais là, c’est la première année en 30 ans que j’ai une baisse de moral. Je me rends compte de la charge de travail qu’occasionne cette activité, [couplée] à des contraintes administratives toujours plus lourdes. J’espère qu’avec l’arrivée des canetons, la motivation va revenir », raconte l’éleveur.
Mais encore faudrait-il pouvoir s’approvisionner. Contrairement à la crise précédente, l’épizootie a largement sévi dans le Grand Ouest cette année, une zone clé pour l’élevage de reproducteurs et les couvoirs. Difficile, donc, de se projeter pour le redémarrage de l’activité.
« L’année dernière, on avait pu avoir des canetons dès l’autorisation de repeuplement. On avait ainsi pu refaire des stocks. Là, c’est très compliqué d’en trouver, surtout en tant que producteur indépendant. Un couvoir m’en a promis pour juin, mais il m’en faudrait déjà en mai pour assurer le gavage et la conserverie dès septembre, sans quoi je n’aurai pas suffisamment de stocks pour la fin de l’année », explique l’éleveur.
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Trésorerie mise à mal
Sur l’activité d’élevage de canards, son chiffre d’affaires, entièrement réalisé en vente directe, a été amputé de 100 000 euros sur chaque année. Les aides octroyées après la crise de 2020-2021, tout juste soldées, ont toutefois relativement bien couvert les pertes de la première crise, reconnaît-il.
« Mais elles ne prennent pas en compte le préjudice moral et la perte de clientèle. Même si celle-ci semble pour le moment rester fidèle, cela fait quatre mois que je refuse tous mes clients. Vont-ils m’attendre ? » s’interroge-t-il.
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« Démotivation générale »
Et la partie devrait se corser encore un peu plus. « Le plus gros de mon chiffre d’affaires se fait en fin d’année. À partir de juin, ça va être compliqué. Il va falloir tenir avec des charges qui augmentent énormément », s’inquiète-t-il. Sans compter son nouveau bâtiment en construction, prévu pour la claustration des animaux en période à risque, qu’il va falloir amortir, et dont l’investissement devrait frôler les 90 000 euros.
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La tendance est similaire dans son entourage. « On est tous pareil. On s’aperçoit qu’il y a une démotivation générale », décrit Lionel Capdeboscq. Difficile aussi de claustrer ses canards toute une partie de l’année, estime-t-il : « Mon état d’esprit n’est pas trop celui-là. On va se battre pour garder au moins les canards d’été dehors. »
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