En congrès, l’AGPB défend le « produire plus et mieux »
« Produire plus », « produire mieux » : deux évidences pour l’AGPB (Association générale des producteurs de blé) qui en a fait les deux thèmes majeurs de son 99e congrès tenu, élections européennes obligent, à Strasbourg les 29 et 30 mai.
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L’Europe abandonne-t-elle son projet de jachère obligatoire ? Pour Eric Thirouin, président de l’AGPB, le signal est positif. « Il y a un vrai changement de logiciel. L’Union européenne remet la machine [à produire] en marche », a-t-il commenté, tout en soulignant que toutes les planètes n’étaient pas encore alignées. « Le projet de loi d’orientation agricole ne dit rien sur la compétitivité. »
Et le projet de texte attendu sous peu sur les phytosanitaires sera « capital » dans la mesure, où « on ne peut pas récolter un produit sain si on n’a pas les moyens de le rendre sain ». L’AGPB appelle donc de ses vœux la mise en place de conditions aptes à permettre de « produire plus », soutenue en cela par un message de Céline Jurgensen, représentante permanente de la France à la FAO. Elle souligne que la « production restera un enjeu majeur au niveau mondial ». « Sur la planète, 600 millions de personnes sont actuellement en état de sous-alimentation chronique. La guerre d’agression de la Russie en Ukraine a fait augmenter ce nombre de 120 millions », complète-t-elle.
Intégrer l’Ukraine
Pour Sébastien Abis, directeur du club Demeter, l’heure doit être à « l’intensification de la sécurité alimentaire ». Mais « pendant que l’Union européenne (UE) mise sur le respect des règlements et la morale, d’autres pays font des projections géopolitiques. La Russie qui ne cesse de renforcer ses positions sur les marchés céréaliers, fait du blé une arme alimentaire. »
Alors gare à ce qui se passe en Ukraine. « Une Ukraine avalée par la Russie, ce serait extrêmement dangereux. Il vaut mieux une Ukraine intégrée à l’UE. À l’Union d’en définir le rythme et les conditions », explique Philippe Heuseule, secrétaire général de l’AGPB.
« Pareille perspective n’est pas facile à entendre », a insisté Joseph Daul, ancien président du Parti populaire européen (PPE) (1) au Parlement de Strasbourg et grand témoin clôturant le congrès. « Mais l’UE n’a pas le choix. Si l’Ukraine part vers la Russie, l’UE sera contournée et sa sécurité alimentaire menacée », a-t-il averti.
Lever les blocages pour les produits de biocontrôle
Pour « produire mieux », « la contractualisation semble la meilleure manière d’arriver à ce que les agriculteurs se conforment aux règlementations environnementales. Tout simplement parce qu’il y aura un retour économique », affirme Benoît Pietrement, vice-président de l’AGPB.
Sur le terrain, la France a la chance « unique au monde » de disposer d’une recherche financée par les producteurs, des filières d’excellence et des agriculteurs d’un très bon niveau technique. « Profitons-en », a lancé Jean-Marc Schwartz, président d’Arvalis.
Encore faut-il que l’UE libère les initiatives. « L’Union met trop l’accent sur le côté “risques” et pas assez sur le côté “bénéfices”. À l’image de sa frilosité sur les NGT (2), elle privilégie le principe de précaution plutôt que l’innovation », note Luc Vernet, directeur de Farm Europe.
« Le biocontrôle présente un énorme potentiel pour réconcilier durabilité et compétitivité », ajoute Herman Van Mellaert, président d’IBMA-Global, l’association des industries fabriquant des produits de biocontrôle. Les blocages réglementaires sont cependant colossaux. « Dans l’UE, il faut huit à dix ans avant d’obtenir une autorisation de mise en marché, à peine un ou deux ans aux États-Unis ou au Brésil. Pas étonnant que les industriels se tournent vers ces marchés étrangers… »
(1) Le PPE s’est résolu à proposer un candidat issu de ses rangs au poste de prochain commissaire à l’agriculture.
(2) Nouvelles techniques de sélection.
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