Guerre en Ukraine Le transit de produits agricoles ukrainiens par la Pologne a repris
Dans la nuit de jeudi à vendredi, un premier convoi de viande, d’œufs et de maïs a transité par la Pologne à destination des Pays-Bas. Les agriculteurs polonais sceptiques bénéficieront d’une aide de l’État à hauteur de deux milliards d’euros.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le transit des céréales et autres produits agricoles, en provenance de l’Ukraine, par la Pologne, suspendu par Varsovie pendant presque une semaine, a officiellement repris ce vendredi 21 avril 2023. Le gouvernement annonce également d’importantes aides aux agriculteurs.
Le transit a repris dans la nuit de jeudi à vendredi
La Pologne et d’autres pays de l’Union européenne frontaliers de l’Ukraine ont imposé des interdictions temporaires sur les exportations de céréales ukrainiennes à la suite des protestations des agriculteurs contre l’effondrement des prix lié à l’afflux de produits.
Les céréales ukrainiennes destinées à des pays étrangers transitent par l’Union européenne depuis que l’itinéraire traditionnel d’exportation via la mer Noire est bloqué par l’invasion russe.
Le transit via la Pologne de plusieurs denrées alimentaires, dont le sucre, la viande, les fruits et les légumes, a été autorisé à partir de deux heures du matin (00h00 GMT), après l’entrée en vigueur d’une réglementation gouvernementale.
Un premier convoi de viande, œufs et maïs
Les exportateurs ukrainiens ne peuvent cependant pas vendre ces produits sur le marché polonais.
« Nous supposons que les contrôles seront assez fluides. Jusqu’à présent, il n’y a pas de signes que des files d’attente se formeront », a déclaré Bartosz Zbaraszczuk, chef de l’agence polonaise des Douanes, à la radio RMF24 ce vendredi.
Le premier convoi comprenait cinq camions transportant de la viande, des œufs et du maïs vers les Pays-Bas.
Les stocks de céréales ukrainiennes s’accumulent en Pologne
La Pologne a interdit samedi 15 avril l’entrée de dizaines de denrées alimentaires ukrainiennes, principalement des céréales, en réponse aux protestations des agriculteurs. La décision a été prise sans consulter ni Kiev, ni la Commission européenne, provoquant des critiques des deux bords.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, des stocks de céréales se sont accumulés en Pologne, faisant chuter les prix locaux, ce qui a conduit à des manifestations et à la démission du précédent ministre polonais de l’Agriculture. Selon les estimations, environ quatre millions de tonnes de céréales ukrainiennes sont actuellement stockées en Pologne.
La Hongrie, la Slovaquie et la Bulgarie ont, par la suite elles aussi, imposé des interdictions temporaires similaires.
Les agriculteurs polonais restent sur leur garde
Mardi dernier, le 18 avril 2023, Varsovie et Kiev ont annoncé un accord pour permettre le transit par la Pologne, sous strict contrôle, impliquant la mise en place de scellés électroniques munis de traceurs GPS sur les transports et des convois spéciaux des transports pendant une semaine.
« Nous ne laisserons un tel transport sortir de notre champ de vision que lorsqu’il entrera dans un port […] ou qu’il quittera la frontière polonaise », a déclaré Bartosz Zbaraszczuk. Les agriculteurs, quant à eux, restent sceptiques quant aux mesures prises par le gouvernement polonais.
« Si ce transit va vers nos ports aujourd’hui, cela ne résoudra pas la situation dans nos fermes et nos entrepôts, car les céréales et les produits ukrainiens les remplaceront, entrant ainsi en concurrence avec nos produits », a déclaré à la presse Wieslaw Burzynski de la chambre agricole de la région de Poméranie (nord).
Une enveloppe de deux milliards d’euros
Pour résoudre la situation et calmer la colère des agriculteurs, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a annoncé ce vendredi un important paquet d’aides. Provenant du budget de l’État, ces aides représentent dix milliards de zlotys, soit 2,17 milliards d’euros, et instaurent notamment des subventions à la vente des céréales.
« Nous utilisons nos propres ressources provenant du budget de l’État polonais, mais l’accord doit venir de la Commission européenne — afin qu’un fonctionnaire européen ne frappe pas à la porte d’un agriculteur pour exiger le remboursement de ce paiement que nous avons effectué », a-t-il ajouté.
Le gouvernement populiste à Varsovie reproche à Bruxelles une réaction trop tardive face à l’afflux des céréales ukrainiennes.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :