La mise en place du corridor de sécurité pour extraire les céréales ukrainiennes n’en finit plus de créer des tensions dans les pays limitrophes. Le samedi 15 avril 2023, la Hongrie et la Pologne ont décidé de ne plus laisser entrer les produits agricoles ukrainiens.
Des stocks s'entassent
Les céréales ukrainiennes destinées à des pays étrangers transitent par l’Union européenne depuis que l’itinéraire traditionnel d’exportation via la mer Noire est bloqué par l’invasion russe. Mais, en raison de problèmes logistiques, des stocks de céréales s’entassent en Pologne, faisant chuter les prix locaux, ce qui a conduit à des manifestations d’agriculteurs et à la démission du ministre polonais de l’Agriculture.
"Aujourd’hui (samedi 15 avril), le gouvernement a décidé d’interdire l’entrée, les importations de céréales en Pologne ainsi que de dizaines d’autres produits agroalimentaires », a déclaré le chef du parti au pouvoir, Kaczynski, dans le village de Lyse, dans le nord de la Pologne. Autrement, « cela conduirait à une grave crise du secteur agricole », a-t-il ajouté.
S’adressant à l’occasion d’un rassemblement de son parti Droit et Justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski a souligné que la Pologne continuait néanmoins à fermement soutenir l’Ukraine. « Nous restons, sans le plus petit changement, des amis et des alliés de l’Ukraine », a-t-il affirmé.
La Hongrie de concert avec la Pologne
Dans un mouvement similaire à celui de la Pologne, le ministre hongrois de l’Agriculture, a indiqué dans un message sur Facebook que son pays avait lui aussi interdit l’importation de produits agricoles en provenance de l’Ukraine. Dans son communiqué, Budapest souligne que « le gouvernement attend une solution permanente et l’adoption de mesures de l’Union européenne », en soulignant la nécessité de défendre « les intérêts de la communauté agricole hongroise ».
La Pologne et la Hongrie ont indiqué que leurs interdictions étaient valables jusqu’au 30 juin 2023. En Pologne, les interdictions d’importer visent les céréales, le sucre, la viande, les fruits et légumes, le lait, les œufs et d’autres produits alimentaires. Du côté de la Hongrie, il s’agit des céréales, des oléagineux et de plusieurs autres produits agricoles, indique un communiqué du ministère hongrois de l’Agriculture diffusé par l’agence de presse MTI.
L’Ukraine réagit
Le ministère ukrainien de la politique agricole a toutefois dit samedi « regretter la décision de son homologue polonais ».
« Les agriculteurs polonais font face à une situation difficile mais nous tenons à souligner que les agriculteurs ukrainiens font face, quant à eux, à la situation la plus grave » en raison de la guerre, a commenté le ministère. Ce dernier a proposé que les deux pays trouvent un accord au cours des prochains jours de nature à mutuellement les satisfaire.
Le mois dernier, la Pologne et quatre autres États d’Europe centrale avaient demandé l’aide de l’Union européenne pour trouver une solution au problème provoqué par le prix bas des céréales ukrainiennes.
La Commission européenne n’apprécie pas
La réaction de l’exécutif européen ne s’est pas fait attendre. Dès le lendemain des décisions de la Pologne et de la Hongrie, le dimanche 16 avril 2023, la Commission européenne a réagi via un communiqué : « Dans ce contexte, il est important de souligner que la politique commerciale relève de la compétence exclusive de l’Union européenne et que, par conséquent, les actions unilatérales ne sont pas acceptables. En ces temps difficiles, il est crucial de coordonner et d’aligner toutes les décisions au sein de l’Union », a conclu la Commission.