Les nombreuses manifestations des agriculteurs auront eu raison de lui. Le 5 avril 2023, le ministre polonais de l’Agriculture et du Développement rural, Henryk Kowalczyk, a démissionné de ses fonctions. Fragilisé par des mois de mécontentement lié à l’entrée de produits agricoles ukrainiens en Pologne, le ministre a préféré jeter l’éponge alors que son limogeage était aussi évoqué.
Depuis de long mois, les agriculteurs polonais réclament des mesures de la part de leur gouvernement pour contrer les effets du « couloir de sécurité » sur leurs marchés des céréales. Mis en place pour désenclaver l’Ukraine et lui donner un accès à la mer Baltique, le couloir a aussi déversé des milliers de tonnes en Pologne, appuyant sur les prix locaux.
Plusieurs revendications non satisfaites
Si l’activation de la réserve de crise européenne est en grande partie consacrée à la Pologne, les agriculteurs réclament des mesures plus fortes : le rétablissement de droits de douane sur les céréales ukrainiennes ou a minima sur des contingents définis ainsi que des aides pour faire face aux remboursements d’emprunts.
Les autorités polonaises ainsi que d’autres pays limitrophes concernés par ces mêmes difficultés avaient porté une partie de ces revendications auprès de la Commission européenne le 31 mars dernier.
L’Union européenne visée
Pour justifier cette décision, le désormais ex-ministre a clairement responsabilisé l’Europe dans sa dernière déclaration. « Puisqu’il est très clair que la demande de base des agriculteurs ne sera pas satisfaite par la Commission européenne, j’ai pris une décision et démissionné en tant que ministre de l’Agriculture et du Développement rural », argumente-t-il. Il a été remplacé par Robert Telus à son poste de ministre de l’Agriculture, mais il restera vice-Premier ministre.
Hasard ou pas du calendrier, Henryk Kowalczyk a démissionné le jour même où le président ukrainien Volodymyr Zelensky effectuait une visite à Varsovie pour saluer les efforts de la Pologne dans l’aide à l’Ukraine.