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Des barrages routiers aux centrales d’achat, la Coordination rurale mobilisée

Après avoir bloquer l'autoroute A9 à la frontière espagnole, la Coordination rurale s'est attaquée à plusieurs centrales d'achat du sud de la France ce mercredi 20 novembre 2024.

Ce mercredi 20 novembre 2024, au troisième jour de mobilisation de la profession agricole, la Coordination rurale a provoqué un échange avec le Premier ministre Michel Barnier mais dû lever son barrage à la frontière espagnole. Dans la foulée, le syndicat a commencé le blocage de plusieurs centrales d’achat.

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La Coordination rurale (CR) continue ses actions ce mercredi 20 novembre 2024. Un jour après avoir investi le péage du Boulou (Pyrénées-Orientales) et bloqué l’autoroute A9 dans le sens Espagne-France, les manifestants ont quitté les lieux ce mercredi aux alentours de midi, a précisé la gendarmerie des Pyrénées-Orientales.

Le Premier ministre au téléphone

Plus à l’ouest, la CR du Lot-et-Garonne a pris l’initiative d’appeler Michel Barnier. « Vous avez un Premier ministre qui connaît et respecte les agriculteurs. Je ferai tout ce que je pourrai dans le budget pour tenir les engagements très nombreux qui ont été pris, point par point », a déclaré le chef du gouvernement lors de l’entretien capté par les caméras de plusieurs médias.

Au cours de cet échange, ce dernier dit avoir compris « l’urgence » de la situation et le « désarroi des agriculteurs ». « C’est pour ça que je me bats contre (l’accord commercial avec) le Mercosur, parce que j’en ai assez qu’on sacrifie au niveau européen des pans entiers de notre économie. » Ce à quoi José Pérez, coprésident de la CR du Lot-et-Garonne, a répondu : « Aujourd’hui, rien n’avance. […] Ce sont toutes les réglementations, toutes ces transpositions, toutes ces normes que le gouvernement nous impose, qui nous tuent. »

À la suite de cet appel téléphonique, le syndicat a commencé à bloquer des centrales d’achat dans le Sud-Ouest. À la mi-journée, un tracteur aux couleurs de la CR et équipé d’une remorque s’est installé en travers de la voie d’accès menant à une plateforme logistique du groupe Leclerc, à Mont-de-Marsan (Landes). « Le but n’est pas de cibler une enseigne ou une autre. […] On veut créer de la pénurie dans les magasins pour montrer aux gens que sans agriculteurs, il n’y a pas de nourriture », a déclaré Olivier de Ginestet, producteur de maïs et de poulets à Saint-Sever (Landes).

Ses collègues de la CR33 ont bloqué, eux, l’accès à autre centrale d’achat de la grande distribution à Beychac-et-Caillau (Gironde), tandis qu’un convoi de tracteurs de la CR47 est parti d’Agen en milieu de matinée en direction de « Bordeaux ».

Rappel à l’odre de la ministre de l’Agriculture

En parallèle, le Premier ministre a appelé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, pour lui assurer, selon Matignon, qu’il était « depuis le début dans le dialogue » et échanger « sur les réponses à apporter », en réaffirmant que toutes les promesses seraient tenues. L’alliance FNSEA-JA prévoit d’ailleurs de manifester « mardi, mercredi et jeudi » prochains « pour dénoncer les entraves à l’agriculture », a annoncé ce mercredi sur franceinfo Arnaud Rousseau.

Déchets déversés devant des préfectures, forçage de l’entrée d’un local de l’Office français de la biodiversité, blocage de la circulation depuis l’Espagne : les modes de protestation choisis par la CR lui ont valu ce mercredi un rappel à l’ordre de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Les « actes de dégradation, de blocage à la frontière espagnole » lors de manifestations de la CR ne sont « pas acceptables » et risquent d’entamer la « sympathie » des Français envers la profession, a-t-elle estimé sur France 2.

Les mobilisations se multiplient

D’autres actions de la CR sont attendues ce mercredi en Occitanie, notamment au niveau de la frontière espagnole à Fos, en Haute-Garonne. À l’autre bout de la France, à Charleville-Mézières (Ardennes), des agriculteurs ont passé la nuit devant la préfecture des Ardennes, à l’appel également de la CR.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise elle aussi des actions. Une vingtaine d’agriculteurs se sont rassemblés pour dénoncer le projet d’accord avec le Mercosur mercredi devant le siège rouennais de Haropa Port, l’établissement public qui regroupe les ports du Havre, de Rouen et de Paris.

« Haropa, c’est un peu un symbole de cette agriculture mondialisée que nous dénonçons à la Confédération paysanne », a expliqué un des manifestants, Mathieu Grenier. « Les seuls bénéficiaires du libre-échange, a-t-il estimé, c’est l’agro-industrie, les grandes fermes, le négoce, la chimie et la finance qui spécule sur tout ça. Chez les paysans, il y aura bien plus de perdants que de gagnants. »

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