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Les annonces gouvernementales divisent les syndicats

Tous les syndicats n'ont pas été convaincus par les annonces gouvernementales du 1er février 2024.

Peu de temps après les annonces ministérielles, les syndicats des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA ont appelé à « suspendre les blocages ». De son côté, la Confédération paysanne n’a pas été convaincue par les annonces et reste mobilisée.

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Les déclarations du Premier ministre et de ses ministres de l’Agriculture, de l’Économie et de la Transition écologique le 1er février 2024, ont conduit les présidents de Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA, Arnaud Gaillot et Arnaud Rousseau, à appeler leurs réseaux à cesser les barrages.

Les responsables du syndicat majoritaire veulent désormais travailler avec les ministères et les préfectures pour concrétiser les annonces. (© benoît Devault)

Dans une conférence de presse organisée au siège du syndicat majoritaire, les chefs syndicaux ont toutefois posé une première condition : « Que très rapidement une note soit mise à disposition de nos réseaux sur le terrain pour avoir un écrit de tout ce qui a été dit, pour que ça soit clair, que ça puisse être digéré », a appuyé Arnaud Rousseau. En insistant à plusieurs reprises sur un point : « Personne ne doit considérer que c’est terminé. Ce soir on le dit le mouvement se transforme » .

Le Salon pour faire un premier bilan

Les dirigeants de JA et de la FNSEA assurent aussi qu’ils seront vigilants quant à la suite que prendront les annonces gouvernementales. « Il faudra qu’au salon de l’agriculture il y ait des premiers résultats ça doit être le marqueur fort du changement de logiciel de fonctionnement de ce gouvernement », a prévenu Arnaud Gaillot.

Sous peine de voir le mouvement reprendre de plus belle. « Si l’on se rend compte que très rapidement tout ça c’était qu’un effet de manche, l’effet sera catastrophique », avertit Arnaud Rousseau.

Des annonces françaises « qui vont dans le bon sens » pour FNSEA et JA

Si le président Arnaud Rousseau juge durement la séquence du Premier ministre vendredi 26 janvier en Haute-Garonne « un exercice raté et incomplet », il salue les intentions et annonces affichées depuis. « Nous nous réjouissons de l’écoute attentive du Premier ministre pour apporter des réponses complémentaires que nous lui avions demandées. Il faut dire que nous avons été entendus sur un certain nombre de points avec des avancées tangibles » a-t-il estimé.

Plusieurs thèmes et décisions ont donné satisfaction, « les mesures d’urgence sur le GNR, l’accélération du versement des aides Pac restantes, les mesures fiscales pour l’élevage et les jeunes agriculteurs, suspension d’Ecophyto… » a jugé Arnaud Rousseau, en mettant en parallèle avec des « situations diamétralement opposées » entre les réponses françaises et européennes. « Je voudrais dire que dans le même temps nous nous interrogeons sur la surdité de l’Europe lors ce combat de notre agriculture » a-t-il pointé.

« La machine européenne, vous ne la changez pas en 5 minutes, il va falloir aussi qu’il y ait des décisions qui soient prises politiques au niveau européen et donc il y a un moment donné ça va prendre un peu plus de temps », a-t-il admis dans la foulée.

Une décision collective de levée de blocage pour FNSEA et JA

Arnaud Rousseau a enfin garanti que cette décision était bien collective. « Nous l’avons décidé collectivement, nous avons informé notre réseau qui nous a donné validation, sous condition de la fourniture de ce document de synthèse parce qu’il faut des écrits précis. Et ensuite que sur le terrain ceux qui organisent les points de blocage se replient en bon ordre pour entrer dans les fermes en toute sécurité », a-t-il appuyé. En espérant être bien entendu par sa base.

On n’a rien entendu sur les revenus des agriculteurs, regrette la Conf'

La Confédération paysanne n’a quant à elle pas été convaincue par les annonces. Elle regrette de n’avoir « rien entendu » sur le revenu des agriculteurs dans les annonces du Premier ministre ainsi que le recul « fort » sur la protection de l’environnement, et « reste mobilisée », a indiqué jeudi à l’AFP sa porte-parole Laurence Marandola.

« On a entendu que la loi Egalim serait parfaitement respectée. C’est une bonne nouvelle, mais c’est en fait juste le respect de la loi et la fin de l’impunité, pour des négociations commerciales opaques et mal menées, pour des pratiques de certains acteurs de la grande distribution, pour des importations frauduleuses qui ne respectent pas les normes », a indiqué par téléphone la représentante du 3e syndicat agricole en France.

Sur les prix payés aux agriculteurs et leurs revenus en tant que tels, « on n’a rien entendu », a déploré Laurence Marandola. « On n’a rien sur l’interdiction de vente à perte, on n’a pas un engagement pour qu’enfin tous les agriculteurs français puissent être rémunérés afin que les coûts de production, le temps de travail et la protection sociale soient couverts », a-t-elle ajouté.

Des lignes rouges franchies par le gouvernement, estime la Conf'

Par contre, « on a entendu des reculs forts sur les questions environnementales », a estimé Laurence Marandola. Et pour le syndicat, trois « lignes rouges » ont été franchies, selon la porte-parole : sur les OGM, le gouvernement s’étant engagé à soutenir les nouvelles techniques génomiques (NGT), sur la viande de synthèse, que le gouvernement veut mieux définir mais pas interdire, et sur la question de l’eau, « pas un mot » n’ayant été dit « sur la préservation et le partage de l’eau ».

« Pour le moment, on reste extrêmement mobilisés sur les points de blocage », a indiqué Laurence Marandola. Pour la suite à donner à la mobilisation, « on va y réfléchir dans les heures qui viennent ». Elle s’exprimait depuis Bruxelles où, selon la représentante syndicale, « quelque chose d’incroyable se passe aujourd’hui en termes de mobilisation des agriculteurs européens » avec des revendications « très variées ». Plus d’un millier de tracteurs ont envahi les rues de la capitale belge jeudi aux abords d’un sommet des Vingt-Sept consacré au budget de l’UE et à l’aide à apporter à l’Ukraine.

Le combat continue pour le Modef et la Coordination rurale

Même son de cloche du côté du Modef qui, dans un communiqué de presse du 2 février 2024, dénonce « des mesures qui ne correspondant pas à nos attentes ». Evoquant un gouvernement « déshumanisé, méprisant » et un syndicat majoritaire « aux manettes », le Modef déplore un « rétropédalage » sur les questions de l’eau « accaparée par une minorité d’agriculteurs » et de simples « mesurettes » concernant l’élevage et les agriculteurs bio. « Ne soyons pas dupes », implore le syndicat, qui affirme que le « combat continue ! »

Quant à la Coordination rurale, si elle dit rester sur sa « faim », elle affirme avoir obtenu plusieurs victoires lors de la mobilisation qu’elle appelle à poursuivre. Parmi ses victoires, celle de la simplification administrative, de la fin des objectifs de réduction de 50 % de produits phytos, de l’abandon de l’impôt GNR, ou du décret à venir sur les curages. Toutefois, poursuit le syndicat dans un communiqué de presse publié le jour des annonces, « de nombreux points doivent être satisfaits », le gouvernement devant « maintenant agir vite et tenir ses engagements ».

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