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L’agriculture « secteur prioritaire » pour lutter contre le changement climatique

L'agroforesterie figure parmi les possibilités de freiner le réchauffement climatique.

Dans son rapport « Transitions 2050 » qui dresse quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050 publié le 7 mars 2024, l’Ademe réaffirme l’importance de l’agriculture dans la transition écologique.

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C’est l’un des défis auxquels devra faire face le secteur agricole. Dans la stratégie nationale bas carbone (SNBC) décidée par le gouvernement pour ne pas dépasser le seuil de 1,5° de réchauffement climatique, l’agriculture française devra réduire par deux ses émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon de 2050 (soit –46 % entre 2015 et 2050). Face à ce constat, l’Ademe a publié, le 7 mars, l’actualisation de 2024 de son rapport « Transitions 2050 ».

L’institution propose quatre scénarios alternatifs, du plus proche de l’objectif de la SNBC à la plus lointaine. Des « récits cohérents » qui passent par la création d’une « génération frugale » (scénario 1), de « coopérations territoriales » (S2) aux « technologies vertes » (S3) en passant par le « pari réparateur » (S4). Les deux derniers scénarios ne respectent pas l’objectif de la SNBC.

Les émissions de GES selon les différents secteurs et scénarios. (©  Ademe, rapport de 2024)

Quel que soit le scénario, « l’adaptation des forêts et de l’agriculture devient absolument prioritaire pour lutter contre le changement climatique », presse l’Ademe.

Propositions

À l’échelle des exploitations, l’Ademe recommande d’inciter la reprise des exploitations en agroécologie et/ou en reconversion, par exemple sous forme de bonus/malus. Un système qui pourrait être mis à l’œuvre aussi pour l’utilisation d’intrants en lien avec leurs émissions de GES.

Plus globalement, l’institution enjoint les politiques à « renforcer le volet environnemental dans l’ensemble des signes officiels de qualité et d’origine », à « sanctuariser le foncier agricole lors des départs à la retraite » et à « instaurer un dispositif de transparence aux acteurs agroalimentaires sur la traçabilité des produits et leurs impacts environnementaux ».

La réduction des GES passe par « la réduction importante des cheptels et de l’usage des intrants de synthèse, ainsi qu’un retour à davantage de saisonnalité dans la production des denrées alimentaires, qui nécessite notamment moins de serres chauffées, observe l’Ademe. La réduction du recours aux engrais de synthèse et un meilleur usage des ressources organiques émergent comme des enjeux communs à tous les scénarios. »

Consommation de viande et pâturage

Selon les scénarios, la surface agricole utile (SAU) française devra être remodelée. L’arboriculture aurait plus de place contrairement aux cultures fourragères qui seraient abaissées dans la plupart des scénarios.

Les parts des différentes cultures dans la surface agricole utile française. (©  Ademe, rapport de 2024)

Dans les deux premiers scénarios qui visent l’objectif de la stratégie nationale bas carbone, les systèmes de pâturages en élevage de bovins laitiers seront dominants aux deux tiers (soit en herbe intégrale, en pâturage dominant ou très dominant).

Pour respecter la limite de réchauffement climatique, il faut développer le pâturage. (©  Ademe, rapport de 2024)

La consommation de viande devra être au minimum divisée par deux et la part de l’agriculture biologique augmentée de 50 à 70 % de la consommation. « La part de protéines animales dans les repas est un des facteurs de premier ordre sur l’impact environnemental de l’alimentation », justifie l’Ademe. « À titre d’exemple, la surface agricole mobilisée (en empreinte carbone) pour nourrir un Français moyen passe du simple au quadruple entre un régime purement végétal et un régime très carné. »

Agroforesterie et haies

Plus généralement, certaines pratiques agricoles peuvent être dès à présent mises en place. L’agroforesterie et les haies représentent la meilleure possibilité pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre sans avoir un coût économique trop exorbitant pour la société.

Certaines pratiques, si elles demandent un coût plus élevé, ont aussi un réel impact sur la réduction des émissions, comme la mise en place de couverts végétaux, la gestion des prairies, la méthanisation et les torchères ou encore les lipides et additifs pour les ruminants.

D’autres pratiques sont même négatives en termes de coût annuel final. C’est le cas de l’économie d’énergie réalisée sur les bâtiments et les engins agricoles, de la réduction des apports protéiques des animaux, de la hausse de légumineuses en culture pures et dans les prairies temporaires et de la gestion de la fertilisation azotée.

Hausse des températures, évolution de phénomènes extrêmes, évolution des précipitations… L’agriculture doit aussi « faire face aux impacts du changement climatique ». L’Ademe propose notamment de baisser la dépendance à l’eau pour assurer la résilience du secteur tout en assurant que « des travaux ultérieurs seraient nécessaires » pour affiner le niveau global de résilience de chaque scénario.

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