« La formation, c’est un instrument formidable pour s’adapter », lance Alice Monfront, chargée d’études à Quadrat-Études, qui présentait, le 1er mars 2024 au Salon de l’agriculture, l’étude sur l’incidence du changement climatique sur les professions agricoles et les compétences requises, commandée par l’Anefa et financée par Ocapiat.
Hausse des températures et des aléas climatiques extrêmes, baisse de la disponibilité de l’eau, et incertitude accrue dans l’anticipation des risques de maladies… « L’agriculture est directement touchée par le changement climatique », observe sa collègue Cécile Barlier, chargée d’études au Ceresco, qui accompagne les filières agricole et agroalimentaire.
Tous ces symptômes du dérèglement climatique provoquent des réactions en cascade sur les différentes filières agricoles : perturbation des cycles de reproduction (végétaux et animaux), gel tardif, stress hydrique, développement des pathogènes…
Mais le secteur contribue aussi au réchauffement climatique : « En France, l’agriculture représente 21 % des émissions de gaz à effet de serre », pose Cécile Barlier.
Adapter et atténuer
Il s’agit donc de pouvoir à la fois développer des pratiques d’adaptation et d’atténuation face au réchauffement climatique. Ce peut être le déplacement de bassins de production, la protection des aléas, l’évolution des pratiques culturales pour les premières et la limitation d’engrais minéraux, la conservation de prairies permanentes, ou encore une meilleure gestion des effluents pour les secondes.
Elles doivent pouvoir être intégrées dans l’évolution des compétences des exploitants. En cela, « il y a besoin de montée en compétences sur le savoir agronomique, sur l’aspect technique et technologique et sur la gestion d’entreprise, explique Cécile Barlier, il faut être capable d’être adaptables à tous ces changements de calendrier. »
Trois priorités sont dévoilées par l’étude : la ressource en eau, la gestion des aléas climatiques et le renforcement de compétences générales sur le vivant. De ce constat, la formation apparaît comme un « levier » assure Bertrand Oudin, président du Ceresco.
Seulement, peu d’exploitants se forment régulièrement. Deux agriculteurs sur dix partent en formation chaque année. Un chiffre encore plus faible lorsqu’il s’agit de la formation des salariés : seulement un sur dix. « Les petites structures ont plus de mal à dégager du temps pour envoyer en formation, note Alice Monfront. C’est important d’aller vers plus de formalisation de formation parce que les compétences évoluent. »
Des formations dans la boîte mail
Face au manque d’attractivité, comment rendre plus séduisant le recours aux formations ? Trois réponses sont apportées par le cabinet d’étude : enrichir l’offre de formation liée au changement climatique, accroître la formation des formateurs et communiquer massivement sur les offres de formation.
Par exemple, Béatrice Dingli, directrice de Vivea, constate que la plupart des inscriptions aux formations se font via la newsletter, qui liste les séances proposées chaque mois, alors même qu’elles sont aussi présentes sur le site. Pour inciter les agriculteurs à se former et à former leur salarié, il faudrait donc repenser les moyens de communiquer sur les formations.