Et si le Mercosur revenait en grâce ?
Épouvantail des agriculteurs français, l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur est redevenu un sujet d’actualité, en plein affrontement douanier avec les États-Unis.
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Donald Trump serait-il le meilleur avocat de l’accord avec le Mercosur ? Depuis le lancement de la guerre commerciale tous azimuts du locataire de la Maison Blanche, le traité commercial entre l’Union européenne et le bloc sud-américain signé en décembre dernier semble regagner en intérêt, malgré l’opposition officielle de la France.
Trouver de nouveaux partenaires
Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s’est même laissé aller à une confidence le 13 avril 2025 lors d’une interview à la chaîne Das Erste en affirmant que le président français Emmanuel Macron serait désormais enclin à la finalisation de l’accord. La nécessité plus forte pour l’Union européenne (UE) de trouver de nouveaux partenaires commerciaux depuis que les États-Unis ont choisi la voie de l’affrontement commercial est désormais l’argument principal des soutiens à l’accord.
L’autre moteur de la finalisation du traité avec le Mercosur reste encore et toujours la Commission européenne. Tandis que l’exécutif tente encore de convaincre les pays récalcitrants, son porte-parole Olof Gill a assuré le 10 avril 2025 que les choses avancent. « Notre intention et de présenter une proposition aux colégislateurs avant la fin de l’été, a-t-il promis. Nous allons contacter tous les États membres pour discuter avec eux ce que nous voyons comme des avantages clairs de l’accord entre l’UE et le Mercosur d’un point de vue économique et géopolitique ». Ajoutant que dans le contexte actuel « troublé », les partenariats à travers le monde sont plus « précieux que jamais ».
La ministre de l’Agriculture reste ferme
En conférence de presse le 15 avril, Annie Genevard s’est voulue rassurante malgré les rumeurs présidentielles auprès des filières agricoles françaises. « Les choses n’ont pas évolué » a-t-elle constaté. « Les raisons qui nous ont fait nous opposer au Mercosur de façon unanime dans la classe politique française n’ont pas disparu ». Pour la ministre de l’Agriculture, l’accord avec le Mercosur reste « mauvais pour quatre filières françaises, la volaille, le bœuf, le sucre et l’éthanol ». Annie Genevard craint en outre le déploiement par certains pays du Mercosur, de contremesures si l’UE venait à imposer des clauses miroirs.
Un Parlement européen partagé sur le Mercosur (14/02/2025)
Les arguments de la Commission et des soutiens à l’accord ne semblent en tout cas pas séduire la ministre. « Dire que parce qu’il y a des taxes américaines et des taxes chinoises, pourquoi pas le Mercosur ? Je ne comprends pas ce raisonnement » pointe-t-elle. « Moi je dis non à ce projet d’accord ».
Des ajustements nécessaires
Reste que certaines filières pourraient légitimement y trouver un intérêt. Au cœur du cyclone commercial de Trump, l’industrie laitière avec ses 342 millions d’euros de produits exportés aux États-Unis est de celles-là. Auprès de La France Agricole, François-Xavier Huard président de la Fnil (Fédération Nationale des Industries Laitières) ne nie pas les avantages de l’accord pour les produits laitiers français, mais milite pour des ajustements.
« On ne fait pas de lait sans avoir aussi un coproduit viande qui part sur le marché d’une manière ou d’une autre, rappelle-t-il. Nous sommes donc sensibles à la demande des éleveurs que soit reconsidérées dans les discussions du Mercosur les questions de clauses de réciprocité ». La période de turbulences commerciales ouverte par les États-Unis pourrait être le bon moment pour faire bouger les lignes selon lui sur ce point. « L’élection de Donald Trump accélère la nécessité de rouvrir le sujet » appuie-t-il.
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