Le 13 février 2025 était mis au débat en plénière du Parlement européen, la pertinence de la ratification de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Sans que l’on sache encore comment la Commission européenne s’y prendra pour faire ratifier l’accord et si les parlements nationaux auront finalement voix au chapitre, une chose est certaine, les députés européens verront tôt ou tard le texte soumis à leur vote. Des élus européens très partagés, loin de l’opposition quasi unanime en France.

Pour la droite et les sociaux-démocrates, c’est plutôt oui

Exemple avec le social-démocrate allemand Bern Lange, qui en appelle aux députés hésitants. « Chers collègues, ne soyons pas sur la défensive ! » lance-t-il. Pour lui, le contexte actuel exige ce type d’accord. « Nous avons besoin d’accords stables dans un monde globalisé marqué par les conflits. Sans conditions stables dans notre situation économique, surtout lorsque 40 % de notre PIB dépend du commerce international, nous ne pouvons pas continuer à exister […] il faut discuter des accords, les améliorer si nécessaire », ajoute-t-il.

Autre plaidoyer pour l’accord, celui du Suédois Jörgen Warborn qui lui aussi appuie sur l’argument géopolitique, au nom du groupe de droite PPE. « Cela renforcera notre sécurité énergétique. Cela créera un canal de relations diplomatiques et économiques avec l’un des plus grands acteurs mondiaux et démontrera que l’Union européenne est un acteur mondial pertinent qui défend un ordre géopolitique ouvert et fondé sur des règles », insiste-t-il.

« Nous refusons de brader notre agriculture »

Autre groupe, autre ambiance. Les Verts européens, par la voix de la députée belge Saskia Bricmont, peinent à percevoir l’intérêt pour l’Union européenne. « C’est un accord qui date du siècle dernier, Monsieur le Commissaire, ce n’est pas un new deal », estime-t-elle. Pour l’élue, les millions d’opposants pèsent peu face « aux intérêts économiques de quelques industriels et des plus grosses exploitations agricoles pour — attention ! — un bénéfice attendu de +0,1 % du PIB. Peu glorieux, n’est-ce pas ? », ironise-t-elle avant de prévenir. « Nous refusons de brader notre agriculture en la soumettant à une concurrence totalement déloyale. »

La française Manon Aubry du groupe de Gauche abonde. « Comment osez-vous dire aux agriculteurs, qui peinent déjà à joindre les deux bouts, qu’importer des centaines de milliers de tonnes supplémentaires de bœuf, de poulet ou de fromage n’aura aucun impact sur eux ? Comment osez-vous exposer délibérément la population à des OGM et des pesticides interdits en Europe ? », interroge-t-elle.

Le commissaire contre-attaque

En conclusion des débats, Maroš Šefčovič, commissaire au Commerce et défenseur du texte, n’en démord pas. Pour lui, l’accord permettra de « créer de l’emploi et des opportunités pour tous les secteurs de notre économie, y compris pour nos agriculteurs. C’est aussi bon pour l’environnement et la durabilité », assure-t-il.

« Nos agriculteurs exportent déjà pour 3,2 milliards d’euros de produits agricoles vers le Mercosur et ils parviennent à le faire avec jusqu’à 35 % de droit de douane et sans protection pour les indications géographiques », relate-t-il avant de rappeler. « Cet accord va supprimer ces droits de douane et protéger nos appellations. » En réponse à Manon Aubry qui lui demandait plus tôt comment il osait venir défendre cet accord devant les députés, il tacle. « Parce que vous m’y avez invité. »