La France a-t-elle changé de position sur l’accord de libre-échange finalisé par la Commission européenne avec les pays du Mercosur ? Emmanuel Macron ne pouvait pas échapper à cette question lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture ce samedi 22 février 2025. C’est notamment cet accord qui avait relancé les manifestations agricoles en fin d’année.

« C’est un mauvais texte tel qu’il a été signé »

Dans cet accord avec le Mercosur, « il n’y a pas les clauses miroirs qui protègent de la concurrence déloyale, ni les clauses de sauvegarde qui permettent [d’intervenir] quand un marché est déstabilisé […], a répondu le président de la République à la presse. C’est un mauvais texte tel qu’il a été signé et on fera tout pour qu’il ne suive pas son chemin. »

Pour Emmanuel Macron, ces accords sont clairement un enjeu majeur pour la souveraineté alimentaire française et européenne. « On est à un moment de géopolitique extrêmement tendu, a-t-il souligné. Demain, rien ne nous dit que l’alimentation ne deviendra pas une arme. »

« Et donc notre responsabilité, c’est de produire sur notre sol, ce qui nous permet de nous nourrir et de nourrir nos enfants, a-t-il enchaîné. Nous travaillons à ce qu’il n’y ait pas de scission de l’accord, à ce qu’il y ait une minorité de blocage, et à convaincre tous nos partenaires. Il faut défendre cette capacité à produire européenne. »

Une position qu’a défendue le président dans les allées du Salon, un éleveur lui réclamant : « Pas de Mercosur ! » Du côté syndical, la FNSEA a rappelé à La France agricole, son attente « très forte » sur le Mercosur. Pour Patrick Bénézit, vice-président du syndicat et président de la Fédération nationale bovine, l’enjeu est surtout de ne pas permettre à la Commission européenne de « scinder l’accord », ce qui permettrait de se passer de l’unanimité des États membres pour valider le volet commercial de l’accord.

« Une même vision de l’avenir » avec la Canada

À l’inverse, sur le Ceta, Emmanuel Macron reste droit dans ses bottes. Il a défendu cet accord avec le Canada, « parce qu’il y a des équivalences de clause miroir, parce qu’il y a des mesures de sauvegarde et il y a surtout l’adhésion à une même vision de l’avenir », justifie-t-il.

« Je suis favorable à la ratification du Ceta. Aujourd’hui vous le savez, il est appliqué comme s’il était ratifié. On est dans la période provisoire. Je le dis parce qu’ici [au Salon] on a parfois eu ce débat, c’est un accord qui est bon pour notre agriculture. C’est-à-dire qu’on y gagne. Regardez nos fromagers, nos laitiers, ils exportent. […] Les accords […] quand ils sont bien négociés et qu’il y a une concurrence loyale […] préservée, ils sont bons aussi pour nos agriculteurs. »

La Confédération paysanne tente de se rassurer. « Un accord de libre-échange n’est pas une fatalité », défend Laurence Marandola, porte-parole du syndicat au sortir de sa rencontre avec Emmanuel Macron. L’éleveuse prend pour exemple l’accord sur les fruits et légumes avec le Maroc, invité d’honneur cette année au Salon de l’agriculture, invalidé par la Cour de justice de l’Union européenne en octobre dernier.