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Prédation En République tchèque et en Slovénie, les loups font reculer l'élevage

Pour Tomas Havrlant, représentant des éleveurs tchèques, la population de loups dans son pays a été multipliée par quatre au cours des trois dernières années.

Les éleveurs slovènes et tchèques s'inquiètent en raison de l'augmentation des populations de loups sur leurs territoires.

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"Si les dommages des loups baissent en Slovénie, c'est à cause de la disparition des éleveurs et des animaux d'élevage dans notre pays", s'insurgeait Stan Bergant, représentant du syndicat des agriculteurs slovènes et de l'Union des agriculteurs bio, le 29 décembre 2022 à Saint-Jean-de-Bournais (1). Selon l'exploitant, les populations de grands carnivores ont explosé dans le pays depuis que le pays est entré dans l'Union européenne. 5 000 loups seraient présents aujourd'hui dans les Balkans. Les prédateurs fragilisent les petits exploitants qui doivent cumuler une autre activité pour faire vivre leur famille.

À la tête de 130 brebis berrichon du Cher, Tomàs Havrlant, plus au nord en République tchèque, subit lui aussi la pression des prédateurs. "La population des loups a été multipliée par quatre au moins en trois ans", estime-t-il. Elle atteint 110 à 130 individus pour un pays dont la superficie est près de sept fois plus petite que celle de la France.

Gestion de la faune déficiente

Pour Tomás, qui est ingénieur en agriculture, protection et aménagement des paysages et  représentant de l'association des éleveurs de moutons et de chèvres (SHOK), la gestion de la faune en République tchèque est déficiente. Elle protège par exemple les grands corbeaux en plus des loups. Ces oiseaux attaquent également les agneaux nouveau-nés. La caille, en revanche, qui est une espèce en voie de disparition, ne bénéficie pas de la même protection.

Les effectifs ovins en République tchèque ont diminué de 25 % lors des cinq dernières années. Ils sont passés de 231 700 en 2015 à 174 000 en 2022. "Cette baisse n'est probablement due seulement aux prédateurs, mais dans de nombreux cas, les attaques de loups sont la goutte d'eau qui fait déborder le vase dans la décision d'arrêter la production", explique-t-il. Avant 2015 en tout cas, le cheptel ovin était en croissance.

Compensation en cours de négociation

"Actuellement, nous sommes en train de négocier avec l'État pour fournir une compensation financière pour les dommages causés par les restrictions à l'agriculture dans les zones où le loup est présent. Pour la première année, un paiement par hectare de pâturage compris entre  12 200 couronnes tchèques (CZK), soit 488 € et 5000 CZK, soit 200 € par 50 hectares de pâturage est envisagé."

Une bien maigre compensation pour cet éleveur qui a construit un enclos avec une clôture (type ursus) de 2 mètres de hauteur attachée sur de solide poteau ancré dans le sol.

(1) Union des éleveurs européens pour le déclassement du loup organisée, le 29 novembre à Saint-Jean-de-Bournay en Isère par le collectif associatif "Pâturage et biodiversité".

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