Mercosur : la Confédération paysanne inquiète après son rendez-vous à l’Élysée
La Confédération paysanne fait part de son inquiétude concernant la position du chef de l’État sur l’accord avec les pays du Mercosur, après un rendez-vous avec le conseiller agriculture du président.
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Des représentants de la Confédération paysanne, qui organisait une manifestation mardi 14 octobre 2025 à Paris contre l’accord Union européenne-Mercosur, ont été reçus jeudi 16 octobre, par le conseiller agriculture du président Emmanuel Macron. Une rencontre dont ils sont sortis « inquiets », a dit leur porte-parole à l’AFP. « On est ressortis inquiets, on sent bien qu’Emmanuel Macron est en train de retourner sa veste », a rapporté Thomas Gibert, porte-parole du troisième syndicat agricole, au terme d’une heure de rendez-vous.
« Faire avaler la pilule »
L’ensemble des syndicats agricoles français en appellent au président pour qu’il bloque ce traité de libre-échange, contre lequel il s’était précédemment prononcé avant de garder le silence depuis que Bruxelles a présenté au début de septembre des « clauses de sauvegarde renforcées » pour emporter l’adhésion de Paris. Selon Thomas Gibert, « il y a une stratégie pour nous faire avaler la pilule : on dit qu’on refuse de signer l’accord en l’état, on cherche à grappiller des clauses de sauvegarde, ou des clauses miroirs sur quelques produits (NDLR : pour des normes identiques)… Mais cela ne changera en rien l’importation de quotas » de produits latino-américains.
Les agriculteurs dénoncent en particulier l’importation attendue dans l’Union européenne de quotas de viande bovine à droits de douane réduits de nature à « déstabiliser » une filière européenne qui souffre déjà. Avec l’accord Mercosur, que la Commission européenne voudrait voir ratifier par les États d’ici décembre, « on signe la délocalisation de la filière bovine » en Amérique latine, a commenté M. Gibert. À l’Élysée, les représentants de la Confédération paysanne ont également évoqué le sujet de la dermatose nodulaire (DNC) des bovins, qui s’étend en France. Le syndicat conteste la stratégie gouvernementale d’abattage total des foyers infectés.
Lors d’un déplacement dans l’Yonne, le 16 octobre 2025, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a voulu rassurer « c’est un sujet qui recueil une attention particulière de la part de la France, […] c’est un projet d’accord tel qu’il existe qui ne nous convient pas du tout parce qu’il expose plusieurs de nos productions […] ». Elle a souligné « une concurrence que nous jugeons grave, préoccupante […] à plusieurs titres, d’abord pour les volumes qui seront exportés sur le continent européen, et parce que les modes de production ne sont pas du tout aussi exigeants que les nôtres […] ». Elle a assuré que la France « se bat » avec « les Polonais, les Hongrois, les Autrichiens, les Roumains, les Irlandais, les Belges, les Italiens ».
« Grâce à la détermination de la France et de ses alliés, nous avons obtenu, le président de la République s’y est personnellement impliqué, une clause de sauvegarde pour que si des déséquilibres de marché se produisaient on puisse mettre des freins d’urgence, comme on l’a fait pour l’Ukraine, pour préserver nos propres productions. Il faut que les pays du Mercosur l’acceptent. Et nous travaillons également sur la réciprocité des normes de production […] », a défendu la ministre.
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