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Un Varenne de l’eau pour ouvrir les vann Un Varenne de l’eau pour ouvrir les vannes

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Les pluies tombées ces dernières semaines nous feraient presque oublier que, début mai, des éleveurs affourageaient leurs troupeaux au champ (lire La France agricole du 14 mai 2021, pages 14 et 15). Pourquoi ? Parce que le gel et le déficit hydrique perturbaient la croissance de l’herbe. Et ce ne sont pas les seules diffi­cultés récurrentes que les agriculteurs rencontrent du fait du manque d’eau. L’implantation des colzas en fin d’été ou le semis des couverts végétaux au 20 août relèvent de plus en plus souvent de la loterie.

À l’heure où Météo France nous promet une nouvelle sécheresse cet été, il était plus que temps que le ministère de l’Agriculture se remobilise sur la gestion de l’eau, un dossier qu’il a perdu de vue, de l’aveu même de Julien Denormandie, depuis une quinzaine d’années. C’est donc en grande pompe, dans la continuité des Assises de l’eau, que le ministre de l’Agriculture et sa collègue en charge de la Biodiversité, Bérengère Abba, ont lancé le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique organisé à la demande d’Emmanuel Macron. Espérons que ce ne soit pas une fuite en avant !

Il y a urgence. L’impact du réchauffement climatique ne se limite plus aux pôles et à la banquise qui fond. La France enchaîne les sécheresses, et la fréquence des épisodes hivernaux intenses, comme les pluies cévenoles, augmente. Si, comme les experts le prévoient, il pleuvra davantage sur l’Hexagone à l’avenir, l’évapotranspiration des plantes augmentera aussi. C’est la capacité de notre agriculture à nourrir le pays qui est dans la balance. Il ne s’agit plus d’accroître les récoltes en ouvrant les vannes de l’irrigation, mais de maintenir notre capacité de production. Le ministre de l’Agriculture entend s’appuyer sur la science et faire appel à l’innovation pour armer l’agriculture contre les aléas climatiques. C’est une façon d’objectiver les débats. Il compte aussi sur l’écoute et la bienveillance des parties prenantes. Il en faudra pour aborder le sujet des retenues d’eau avec les associations de protection de l’environnement. Sans compter ceux qui ont politisé le sujet, à l’image de Jean-Luc Mélenchon ou Yannick Jadot, qui ont manifesté aux côtés des opposants aux projets de bassine dans les Deux-Sèvres.

Julien Denormandie devra également convaincre Barbara Pompili, sa collègue de la Transition écologique, dont le ministère gère la politique de l’eau. La ministre ne cache pas sa préférence pour une mutation de notre modèle agricole, plutôt que la création de réserves d’eau dédiées à l’irrigation. Elle privilégiera l’approche territoriale de la gestion de l’eau mise sur pied lors des assises de l’eau. Si seulement elle pouvait remonter les bretelles des préfets pour accélérer l’examen de ces projets, comme elle vient de le faire sur l’implantation des éoliennes… Mais ne rêvons pas !

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