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Les Chambres d’agriculture s’inquiètent pour la balance commerciale française

Le secteur des céréales est celui avec le plus de difficultés avec une diminution cumulée du solde commercial de –17 %. (photo d'illustration).

C’est une « préoccupation extrêmement profonde » pour le réseau Chambres d’agriculture France, qui alerte sur la balance commerciale extérieure française en perte de vitesse, affaibli par la baisse des exportations de céréales et de produits laitiers. Le réseau consulaire appelle à une Europe forte et unie via la nouvelle Pac.

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En 2025, l’excédent commercial agroalimentaire de la France se fixe à +1,2 milliard d’euros, soit « un recul de 82 % par rapport à la même période en 2024 », analyse Thierry Pouch, responsable du service des études économiques aux Chambres d’agriculture à Paris, à l’occasion de la conférence de rentrée du réseau consulaire, le 18 septembre 2025. L’année précédente déjà, l’excédent (+4,9 milliards d’euros) était le plus faible depuis 25 ans.

L’économiste s’interroge sur cette « préoccupation extrêmement profonde » : est-ce que ce constat est le signe de « la confirmation de l’érosion de l’excédent de la France, ou est-ce qu’il est encore suffisamment provisoire pour espérer le redressement du commerce extérieur ? »

Les céréales « en grande difficulté »

S’il n’a pas encore la réponse, il en connaît les causes. Le solde des céréales est « en grande difficulté » avec une diminution cumulée (baisse des exportations et hausse des importations) de –17 % entre juillet 2024 et juillet 2025. Cette tendance s’explique par le contexte géopolitique, analyse Thierry Pouch : la « difficulté à accéder au marché algérien » à cause de la crise diplomatique avec la France, une « abondance de la récolte dans le monde » et la « concurrence de la Russie ».

« Les céréales contribuent le plus à la dégradation de l’excédent commercial », observe Thierry Pouch, pour plus d’un tiers de la dégradation, devant les produits laitiers (26 %) et les fruits et légumes (10 % et 14 %).

Le déficit des fruits et légumes n’est pas nouveau, même si celui des légumes s’accroît de 84 % entre juillet 2024 et juillet 2025. Mais c’est le secteur laitier qui inquiète le plus le président des Chambres d’agriculture, Sébastien Windsor. « Si on tire le trait, la courbe des importations pourrait bientôt passer au-dessus des exportations. La France va devenir importatrice nette de production. » Un non-sens « quand on réfléchit au potentiel de production française » pour le président des Chambres d’agriculture. Il attribue la faute au manque de compétitivité de l’Hexagone. « Il faut regarder où on a encore des outils d’abattage et recréer des ateliers d’élevage là où il n’y en a plus. »

Le déficit commercial global s’explique par un contexte commercial tendu : de la part de la Chine, en raison des taxes sur les importations de viande porcine et des mesures antidumping pour les alcools, et de la part des États-Unis, en lien avec de nouveaux droits de douane assortis à une politique d’« affaiblissement volontaire du dollar pour porter préjudice à l’euro », analyse Thierry Pouch. « La parité euro/dollar est préjudiciable à nos exportations car la compétitivité des prix s’alourdit. »

« On continue de s’enfoncer dans cette dépendance alimentaire avec tous les risques géopolitiques que ça amène », déplore Sébastien Windsor. Pour contrecarrer ce tableau qui s’assombrit, « les chambres d’agriculture accompagneront les agriculteurs pour chercher tous les euros de compétitivité » possibles. Comme le syndicat Jeunes Agriculteurs, le réseau espère des réponses et des « plans d’action sur le terrain » à la suite des conférences sur la souveraineté alimentaire annoncés par le ministère de l’Agriculture.

Une Pac forte en réponse

Les discussions sur la prochaine Pac ne sont pas de nature à rassurer le président du réseau consulaire. Le brouillon post-2027 dessiné par la Commission européenne cet été qui prévoit une baisse du budget agricole de 25 % et la dilution des fonds destinés à la Pac dans d’autres fonds régionaux inquiète.

Face à des partenaires « agressifs », comme les États-Unis, « il faut que l’Europe arrête de se comporter en bisounours, attaque Sébastien Windsor. Si nous n’avons pas de réaction dynamique, cela continuera ».

Mais le réseau s’inquiète aussi de la possibilité d’une renationalisation partielle de la Pac. Une « grande partie » de la perte de la balance commerciale française serait intra-européenne. « Si demain on renationalise la Pac, on risque d’accentuer les écarts. » « D’autres pays seront plus à même d’aider les agriculteurs », alors que la France a des difficultés budgétaires et pourrait ne pas suivre cet élan. D’autant que l’Hexagone est actuellement la première bénéficiaire de la Pac.

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