Les Français mangent moins de fruits et légumes frais

« En cinq ans, les plus fortes baisses de présence au dîner concernent les fruits et les légumes frais », déclare Pascale Hebel, membre titulaire de l’Académie d’agriculture de France lors d’une conférence de presse organisée par Aprifel le 27 février 2025 au Salon de l’agriculture, à Paris. Entre 2019 et 2024, la consommation de légumes et de fruits frais a diminué respectivement de 11 et 13 %.

La santé au cœur de l’alimentation

Avec le temps, les habitudes alimentaires des Français changent. Elles varient avec l’âge, le mode de vie et le contexte économique. La crise sanitaire du Covid-19 a placé la prévention santé au cœur des préoccupations. Les inquiétudes sur les produits chimiques sont à leur paroxysme et touchent de plein fouet les fruits et les légumes. « Les préoccupations les plus importantes, concernent les produits chimiques de synthèse (pesticides, colorants, additifs). Par rapport aux autres pays européens, les Français ont très peur de ce qui modifie la nature », déclare Pascale Hebel.

Résultat, la consommation d’aliments biologiques croît. « Comme on revient en arrière sur la loi d’orientation agricole et sur la réglementation des pesticides, les consommateurs se tournent vers le bio pour la santé », détaille l’experte. L’agriculture biologique se place donc comme le premier facteur de réassurance dans l’alimentation.

L’insécurité alimentaire encore bien présente

Sur les questions d’alimentation, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Parmi la population française, 32 % des individus se déclarent en insécurité alimentaire en 2024, contre 11 % en 2025, selon Pascale Hebel. Parmi eux, 58 % sont des jeunes âgés de 18 à 24 ans. « Les jeunes mangent moins de fruits et légumes, et moins de protéines animales. Ils n’ont généralement pas les équipements de cuisine adaptés ou les conditions de logement pour se faire à manger », déclare-t-elle.

Selon l’experte, un consommateur français sur cinq s’est déjà retrouvé confronté à la faim sans pouvoir manger tandis qu’un Français sur trois a déclaré avoir réduit ses portions alimentaires et manger moins que voulu. Plus généralement, un Français sur cinq déclare régulièrement ne pas pouvoir manger pour des raisons financières. « Avec le changement climatique, la pression sur les prix ne fera qu’augmenter et les arbitrages se feront de plus en plus en défaveur de l’alimentation », conclut-elle.