Login

Moins de transactions sur le marché du foncier agricole en 2023

Après un pic en 2022, le nombre de transactions et les hectares concernés par le marché des terres et prés a ralenti en 2023.

Après un pic en 2022, le nombre de transactions et les hectares concernés par le marché des terres et prés ralentit, observe la FNSafer, le 22 mai 2024. La valeur des terres est toujours en hausse : un hectare moyen coûte 6 200 euros en 2023.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le mercredi 22 mai 2024, la Fédération nationale des Safer (FNSafer) a livré son analyse de l’état du marché des terres agricoles en 2023. Après le pic de l’année 2022, où 480 400 hectares avaient changé de propriétaires, en 2023, 454 900 hectares (–5,3 %) ont été vendus. Cette baisse de surfaces est confirmée par l’affaiblissement du nombre de transactions de 1,5 % (104 560 en 2023), même si le niveau reste supérieur à la période d’avant le Covid.

Hausse du prix, mais baisse des surfaces

En revanche, la hausse du prix des terres et prés libres se poursuit. En moyenne, un hectare coûte 6 200 euros en 2023, contre 6 130 euros en 2022, soit une hausse de 1,5 %. L’augmentation continue du prix doit être mise en perspective avec la forte progression des ventes de biens libres et notamment des biens bâtis (+15 % par rapport à 2022), qui traduit une transmission des exploitations, explique Loïc Jégouzo, adjoint au directeur du service des études, veille et prospective de la FNSafer.

Le prix des terres et prés libres non-bâtis s’est particulièrement accru dans les Hauts-de-France (+6,7 %), le Centre-Val de Loire (+5,8 %) et les Pays de la Loire (+4,1 %).

Des différences selon les filières

Comme les années précédentes, l’évolution du prix diffère selon les filières. En grandes cultures, le prix à l’hectare s’est hissé à 7 710 euros (+4,8 %) en particulier à cause de la flambée des cours des céréales, tandis que le prix en polyculture-élevage a baissé à 6 170 euros (–0,4 %). Particulièrement en élevage bovin, le prix reste plus faible avec un hectare à 4 630 euros en moyenne (–0,3 %).

Loïc Jégouzo observe un recul général des marchés de l’espace rural, en nombre de transactions et en surface. (©  Johanne Mâlin/GFA)

Contrairement au foncier agricole, le marché foncier des forêts n’est pas régulé. Entre 2022 et 2023, le prix du foncier pour les forêts de plus de 25 hectares s’est accru de 10 %. « On pourrait imaginer un marché agricole dans le même contexte s’il n’était pas régulé », glisse Emmanuel Hyest, président de la FNSafer.

Un cinquième de la valeur mais 65 % des surfaces

Le marché agricole ne représente qu’un cinquième de la valeur du marché de l’espace rural (7,5 milliards d’euros sur 36,5 milliards), qui concerne aussi les autres types de foncier (vignes, forêts, espaces résidentiels et de loisirs non-bâtis, maisons à la campagne et urbanisation).

En termes de surface cependant, « le marché agricole redevient majoritaire pour la première fois depuis 2017 », observe Loïc Jégouzo. Avec 455 000 hectares, il représente 65 % des 697 000 hectares du marché de l’espace rural en 2023.

Les collectivités, nouveaux acquéreurs

« Il y a un repli de presque tous les acquéreurs », poursuit-il. Les personnes physiques agricoles restent premières acheteuses malgré un léger repli, de 3,6 % en surfaces. De manière générale, le nombre d’hectares achetés par les différentes formes sociétaires affiche un repli global de 7,1 %.

Un constat : comme les particuliers, les collectivités progressent avec une hausse de 3,3 % des surfaces achetées. Si elles restent minoritaires (4 000 hectares), l’augmentation témoigne du développement des projets alimentaires territoriaux des collectivités territoriales, qui impulsent un développement des compétences agricoles et alimentaires sur le territoire local, note Loïc Jégouzo.

Mais « les personnes physiques non agricoles demeurent les premiers pourvoyeurs de terres agricoles, note la FNSafer. Il peut s’agir d’anciens agriculteurs ou de membres de leur famille. »

Sur une période d’une dizaine d’années, les sociétés (agricoles et non agricoles) affichent un rythme de progression marquée, notamment par la venue de sociétés de portage, premières acheteuses, dans les transactions sur le marché des terres. En 2023 cependant, elles marquent le pas tout comme les sociétés d’exploitation.

Chute de l’urbanisation des terres agricoles

Le phénomène d’urbanisation des terres agricoles « continue de ralentir fortement en 2023 », constate la FNSafer. Le nombre de transactions a chuté de 31,3 %. 12 900 hectares ont été vendus pour l’artificialisation en 2023, soit 29 % de moins qu’en 2022.

Ce succès n’est pas à attribuer à l’objectif de zéro artificialisation nette d’ici à 2050. La FNSafer l’explique plutôt par des phénomènes conjoncturels : « inflation, augmentation des coûts de construction, durcissements des conditions d’attribution de prêts, augmentation des taux d’intérêt ».

En revanche, la FNSafer s’inquiète de la hausse de la consommation masquée du foncier agricole. Ce phénomène représenterait 17 000 hectares en 2022 contre seulement 10 000 hectares dix ans auparavant. Il vise aussi bien des terres agricoles devenues finalement des terres de loisirs, des emménagements illicites ou des terres achetées par anticipation de l’urbanisation.

« C’est une tendance lourde », alerte le président de la FNSafer. Avec la consommation masquée, « on diminue le potentiel de production de notre territoire national, c’est un enjeu de souveraineté agricole ».

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement