En 2021 le groupe chinois Fufeng achetait une parcelle de 300 acres dans l’État du Dakota du Nord pour y implanter une usine de transformation de maïs. Problème, la parcelle se situe à moins de 30 kilomètres d’une base militaire américaine. Quelques mois plus tôt, un cas similaire se produisait au Texas, mais avec des éoliennes cette fois. Si ces projets ont été suspendus, ils ont alerté l’opinion sur les achats de terres agricoles par des entités ou individus étrangers, notamment chinois. Un phénomène encore amplifié par le récent épisode des ballons espions. S’emparant du sujet, des élus républicains et démocrates tentent depuis plusieurs mois de créer des mécanismes fédéraux pour mieux contrôler ce type d’acquisition.
Bloquer les dossiers sensibles
Avec la loi en préparation, le secrétaire d’État à l’Agriculture pourrait désormais siéger au Comité sur les investissements étrangers en cas de transactions d’actifs agricoles ciblés. Une décision qui permettrait de bloquer les dossiers sensibles. « J’ai entendu de nombreux agriculteurs et éleveurs s’inquiéter du fait que des adversaires étrangers possèdent des terres agricoles américaines, affirme Mike Rounds, Sénateur du Dakota du Sud et cosignataire du projet de loi. Il est temps de mettre un terme à cela et d’agir. Cette législation garantit la protection des intérêts américains en mettant sur liste noire les adversaires étrangers qui achètent des terres ou des entreprises impliquées dans l’agriculture. » Car en plus d’un contrôle renforcé, Chine, Russie, Iran et Corée du Nord se verraient interdire tout achat de terres ou entreprises agricoles.
Les États accélèrent
Si certaines voix doutent de l’efficacité d’une telle législation compte tenu de la taille du pays, plusieurs États n’ont pas souhaité attendre et les initiatives ont fleuri ces derniers mois. Micah Brown, juriste au Centre national des lois agricoles de l’Université de l’Arkansas, les a répertoriées dans une étude. « À ce jour, il y a 15 États qui restreignent les achats étrangers sur le territoire. En 2021, une dizaine d’autres avaient des projets de loi, mais cette année, nous en sommes à 32 ! » observe-t-il. Ce mouvement est loin d’être uniforme d’après ses recherches. « Ils n’ont pas la même définition pour les terres agricoles et ils restreignent des types d’investisseurs étrangers différents, précise-t-il. Ils glissent également de nombreuses exceptions dans les textes. »
Un risque réel ?
Une récente étude de l’USDA a néanmoins tempéré l’idée d’une ruée vers les terres américaines. Au 31 décembre 2021, environ 16,5 millions d’hectares étaient concernés par des intérêts étrangers, soit 3.1 % des terres agricoles. Sur ce total, c’est le Canada qui en possède la plus grande partie avec environ 5 millions d’hectares. La Chine, quant à elle, possède moins de 1 % des terres détenues par des étrangers aux États-Unis.