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La collecte des grains bio coûte entre 45 et 95 euros la tonne

La logistique du grain, tout compris du bout de champ jusqu’au départ silo de l’organisme stockeur, est deux à quatre fois plus coûteuse en bio qu'en conventionnel.

Une étude inédite chiffre le coût total de la collecte et du travail des grains en grandes cultures biologiques. Celui-ci s’élève de 45 à 95 euros la tonne selon les opérateurs, soit entre 10 et 17 % du prix de vente des grains au départ de l’organisme stockeur.

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Une étude publique a été conduite en France auprès d’une vingtaine d’organismes stockeurs représentant 56 % de la collecte nationale. Réalisée par la société de conseils Ceresco pour FranceAgriMer, elle apporte un éclairage sur les coûts logistiques à un « tournant » pour les grandes cultures biologiques. Les coopératives et négoces ont besoin de données économiques précises pour orienter leurs choix stratégiques. La présente étude leur apporte « des éléments de coûts jamais décrits dans un document public auparavant », pointent ses auteurs.

Deux types d’organismes stockeurs

Le coût logistique total lié à la collecte des grains bio, du « bout de champ » jusqu’au départ silo de l’organisme stockeur varie de 45 à 95 euros la tonne selon les opérateurs. La localisation de l’organisme stockeur, ses infrastructures et ses marchés ont un impact important sur les coûts logistiques qui expliquent cette variabilité.

À ce titre, l’étude fait ressortir deux types d’organismes stockeurs, qui se différencient sur leurs caractéristiques et leurs coûts. Il y a d’une part des opérateurs « essentiellement mixtes, situés dans des zones de polyculture-élevage ou à dominante céréalière à faible densité bio ». Ils reposent « sur des infrastructures relativement âgées et donc amorties, sur des marchés relativement standardisés où l’alimentation animale prédomine ». Les capacités de ségrégation des lots y sont « limitées ». Dans leur cas, le coût logistique total varie de 45 à 65 euros la tonne.

D’autre part, il y a les organismes stockeurs « localisés dans des zones de collecte à forte orientation grandes cultures, avec des densités surfaciques d’agriculture biologique moyennes à élevées ». Ils reposent « sur des infrastructures de stockage relativement récentes et capables de réaliser la plupart du travail du grain, dont les marchés sont majoritairement orientés vers l’alimentation humaine » et pour des marchés premiums. Les coûts logistiques s’élèvent chez eux de 65 à 95 euros la tonne.

« Le stockage et travail du grain représentent le premier poste de charges, devant le transport sur achat », observent les auteurs. C’est aussi sur ce poste que se distinguent les deux types d’organismes stockeurs. Ceux ayant le coût le plus élevé étant aussi ceux situés dans des zones historiques de production bio. Ils ont donc « le plus investi pour accompagner le développement des surfaces », ce qui se répercute sur les coûts. Ils sont par ailleurs « orientés vers des marchés en moyenne plus rémunérateurs », « souvent associés à des cahiers des charges nombreux (petits lots à gérer) et relativement exigeants ».

Une logistique deux à quatre fois plus coûteuse

Les coûts logistiques propres à la collecte bio sont importants. Pour le premier type d’organisme stockeur, ils représentent de 10 à 15 % d’un prix de vente moyen à 450 euros la tonne. Et pour le second type, les coûts logistiques s’élèvent de 12 et 17 % d’un prix de vente à 550 euros la tonne.

À titre de comparaison, la logistique du grain en conventionnel est deux fois à quatre fois moins coûteuse, avec une moyenne de 20 à 24 euros la tonne, soit 9 % du prix de vente à 250 euros la tonne.

Les coûts logistiques dans le secteur des grandes cultures bio sont souvent méconnus des agriculteurs tout comme de l’aval de la filière. Le rapport explique les différences qui existent avec la collecte conventionnelle, principalement du fait d’infrastructures plus récentes en bio. Il y a aussi des techniques plus coûteuses pour gérer les insectes, des coûts de transport élevés (maillage territorial dispersé, moindres volumes), davantage de nettoyage, des coûts de certifications supplémentaires et parfois des opérations de tri pour les cultures associées.

À noter que cette étude a été réalisée avec les données de la très bonne récolte de 2023. Dans une campagne de collecte plus faible, les charges fixes seraient mécaniquement moins diluées et les coûts à la tonne supérieurs. Les auteurs estiment par exemple des coûts 30 % plus élevés à ceux rapportés dans cette étude pour la collecte de 2024.

Cette analyse des coûts « permettra aux opérateurs économiques actuels ou futurs de situer leur activité dans des fourchettes de coûts », soulignent les auteurs du rapport. Elle peut également leur servir dans les négociations commerciales « pour expliquer une partie de leur besoin en marge ».

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