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Les industriels inquiets pour la production d'amidon en 2023

L'Usipa a tenu une conférence de presse le 28 septembre 2023 à Paris. De gauche à droite : Claude Risac, Marie-Laure Empinet, Mariane Flamary, Sébastien Delerue, Sophie Verpoort et Inge Kerkaert.

Le chiffre d’affaires de l’amidonnerie française a progressé en 2022 mais masque l’inflation et le ralentissement de la demande qui ont continué en 2023. La baisse des surfaces de maïs inquiète, quant à elle, particulièrement les industriels.

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Le chiffre d’affaires du secteur de l’amidonnerie a atteint 3,3 milliards d’euros en 2022, progressant de 4,8 % par rapport à 2021, présente Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa, l’Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés (1), le 28 septembre 2023 à Paris lors d’une conférence de l’organisation. Une « belle croissance » toutefois assombrie par l’inflation galopante et le ralentissement de la demande, toujours d’actualité en 2023.

Alerte en maïs

Au-delà des coûts de production, la baisse record de la sole de maïs en 2023 laisse craindre des difficultés d’approvisionnement si la tendance venait à se maintenir. « C’est inquiétant pour les quatre sites qui transforment le maïs puisque chaque site est spécialisé dans un produit et ne peut donc compenser avec une autre matière première, explique Mariane Flamary. Aussi, tous les amidons ne sont pas forcément substituables. Celui de maïs est notamment requis par plusieurs cahiers des charges. »

« Nous ne sommes pas maîtres des décisions des agriculteurs sur les surfaces qu’ils projettent d’emblaver, [mais] il leur faut un prix adéquat », a commenté Claude Risac, président de l’Usipa.

Petite alerte également, dans une moindre mesure, en pomme de terre féculière avec la maigre récolte de 2022.

Quant aux débouchés, quelques évolutions sont notables pour 2022. Les usages alimentaires gagnent un peu de terrain. Le secteur de la confiserie-chocolaterie redevient le premier acheteur après avoir été impacté par la crise du Covid. Sur le marché non alimentaire, le secteur pharmaceutique et chimique progresse fortement, de 18 % sur un an, tout comme le carton. En revanche, celui de la papeterie poursuit sa chute avec la digitalisation.

Les accords de libre échange menacent

La France confirme sa place de leader sur le marché européen, qui absorbe 71 % de ses exportations. Vers les pays tiers, l’Usipa signale une baisse significative de 8,5 % des ventes vers la Chine, qu’elle explique par le ralentissement des échanges avec la politique zéro Covid du pays et par la concurrence locale qui ne supporte pas les mêmes coûts de production.

Les accords de libre-échange potentiels entre l’Union européenne et le Mercosur, la Thaïlande et l’Indonésie suscitent, quant à eux, des inquiétudes. « Ces producteurs d’amidon, aux conditions de production moins strictes, pourraient concurrencer de manière déloyale la France », a signalé Mariane Flamary.

De 1,1 à 1,4 milliard pour la décarbonation

Les amidonniers ont établi leur feuille de route pour la décarbonation, avec un coût chiffré entre 1,1 et 1,4 milliard d’euros selon le scenario retenu (–40 ou –50% d'émissions à l'horizon de 2030). Ils identifient trois principaux leviers : l’électrification des procédés, alors que le mixte énergétique actuel est de 80 % de gaz et de 20 % d’électricité, le recours à biomasse énergie et l’optimisation énergétique.

Autre sujet qui préoccupe l’union syndicale, la ressource en eau. « On relève des économies significatives mais les industries arrivent à un palier, avec certains sites qui commencent à être très optimisés. Ce que l’on peut aller chercher aujourd’hui, c’est la réutilisation des eaux usées », estime Mariane Flamery. Un décret visant à encadrer cette pratique a été publié le 30 août dernier au Journal officiel, mais un texte spécifique au secteur agroalimentaire est encore attendu. « Ce qui se profile nous inquiète, ont alerté Mariane Flamary et Claude Risac, évoquant des lourdeurs administratives et des critères qualité plus restrictifs que chez nos voisins européens. Nous avons échangé avec les ministères qui en ont la charge. Ils se veulent rassurant. Nous attendons donc la publication du texte, probablement fin octobre. »

(1) Représentée par quatre acteurs (ADM, Cargill, Tereos, Roquette) pour la transformation de blé, maïs, pomme de terre et pois protéagineux.

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